Le Val d'Aoste regorge de vallées (treize au total), chacune avec une identité bien marquée, qui rayonnent toutes à partir du cœur de la région. La vallée du Lys (du nom du torrent qui la traverse) est l'une des dernières d'entre elles, on y accède par la petite ville de Pont Saint-Martin, juste avant d'entrer dans le Piémont. C'est aussi l'une des plus typiques, avec son héritage tout droit venu des Walser, ce peuple germanique qui s'y est installé il y a de cela fort longtemps. Elle est notamment réputée pour ses pistes de ski mais comme partout dans le Val, les activités en extérieur quelle que soit la saison ne manquent pas : randonnée, alpinisme, etc.
Pause pique-nique parfaite à Fontainemore.
Point d'activité sportive pour ma part, je me suis contentée de traverser les nombreux villages qui s'égrainent le long du torrent – Fontainemore, Issime, Gaby – jusqu'à ma destination finale. Poussant des "oh !" et des "ah !" à chaque virage, ayant envie de m'arrêter n'importe où et même au milieu de la route (bonjour la prudence !) pour prendre en photo les paysages qui se découvrent. Difficile d'expliquer le caractère original de la vallée et en quoi elle diffère des autres mais il y avait effectivement un petit quelque chose qui la rendait si unique... Dans le relief, les bâtiments en pierre... cet espace presque plat, et cette illusion d'horizon dégagé (en montagne !) au niveau du lit du Lys... Difficile de résister au charme de ce qui est sans doute la partie du Val d'Aoste qui m'a le plus séduite.
Ne vous attendez pas à beaucoup d'activité humaine, même en cette période d'affluence touristique : c'est à se demander où se cache tout le monde ! Les villages sont tous petits, il n'y a pas grand-chose à y voir ou à faire si ce n'est la place principale, une église et quelques commerces, dont les horaires d'ouverture sont un vrai mystère. En faisant le chemin retour, vers 14 h, j'ai été frappée par... le vide. Personne dans les rues, tous les stores baissés... C'est l'une des choses qui m'a le plus marquée : il y a des habitations, des routes... Mais toute vie semble avoir déserté ces lieux. Surréel.
La jolie église d'Issime.
Le but de cette balade dans la vallée du Lys était la ville de Gressoney-Saint-Jean et le Castel Savoia. Cette élégante demeure fut construite au tournant du XXe siècle pour la reine Marguerite de Savoie, qui aimait venir dans la région. Pour se reposer ? Que nenni ! Il faut voir ces photos incroyables de Son Altesse et de ses dames de compagnie sur des luges, en haut des glaciers, pour comprendre ce qui motivait la reine.
Niché dans un écrin de verdure, qui lui permet une invisibilité relative, le château offre une superbe vue sur le glacier du Lyskamm. À ses pieds, un jardin alpin a été aménagé bien plus récemment, quand le manoir a été acquis par la région. Il ne faut pas plus de quelques secondes pour comprendre ce que Marguerite de Savoie pouvait trouver à cet endroit !
Le château se visite, pour la modique somme de 3 €. Par contre attention : pas de visite libre, uniquement des visites guidées à heure fixe (toutes les demi-heures j'ai l'impression, du moins en été)... et en italien, pour faire bonne mesure. Pour ceux qui ne comprennent pas un traître mot de cette langue, comme moi, une petite brochure avec quelques explications permet de s'y retrouver dans les nombreuses pièces et d'avoir quelques indications sur les éléments remarquables. Enfin, Val d'Aoste oblige, vous avez néanmoins de bonnes chances de tomber sur un guide qui parle français : le mien a eu la gentillesse de glisser quelques mots de français de temps en temps, et n'a pas hésité à répondre mes questions.
Passion plafond.
La visite se déroule sur deux des trois niveaux : au rez-de-chaussée, où l'on trouve les pièces communes, et au premier étage avec les appartements royaux. Partout ce n'est que boiseries sculptées, plafonds à caissons peints, motifs et devises de la maison de Savoie distillés un peu partout et, bien sûr, le rappel omniprésent de l'identité de la propriétaire des lieux, avec ses initiales et la fleur éponyme en fil conducteur. Motifs floraux, frises géométriques... L'influence de l'art nouveau se fait clairement sentir.
Les pièces sont vastes, bien éclairées ; malheureusement les éléments de mobilier qui habillent la demeure ne sont pas tous d'origine. Il faut bien penser à regarder partout, les détails sont nombreux et parfois bien cachés, sans oublier le plafond : c'est c'est souvent là que la beauté du lieu déploie ses artifices.
Mais le clou de la visite ce sont indéniablement les appartements de la reine : le boudoir, avec une vue imprenable sur le Mont-Rose, une salle de bains offrant tout le confort moderne (à l'époque !) et la chambre en elle-même, meublée avec goût. Où signe-t-on pour pouvoir y séjourner une nuit ?!
La visite dure moins d'une heure, et si elle pourra vous sembler un peu longuette si vous ne maîtrisez pas l'italien, votre patience sera largement récompensée par la beauté du lieu ! Je ne regrette finalement pas d'être restée et ai pu visiter à mon rythme, pratique pour jouer de l'appareil photo sans personne dans le cadre... ou sans prendre le risque de louper les précieuses explications du guide.
Località Belvedere
11025 Gressoney-Saint-Jean
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