Depuis que j'habite en Autriche, je trouve encore plus précieux de prendre le temps de me perdre dans les petits villages bien de chez nous, où la pierre porte les traces de l'histoire de notre pays, où les ruelles sinuent de manière familière, où le tracé des rues et des bâtiments rappellent sans l'ombre d'un doute que l'on est bien en France. Beaulieu-sur-Dordogne fait partie de ces villages bourrés de charme, très bien conservés, où le temps semble comme suspendu. Même en plein cœur de l'été on peut flâner dans l'ombre rafraîchissante de ses rues sans rencontrer un chat et se sentir un peu privilégié d'avoir ses coins secrets rien que pour nous. Rien que le nom fait rêver, non : Beaulieu. Un nom prédestiné.
Ce qui a motivé mon choix de m'arrêter quelques heures dans cette bourgade d'un millier d'âmes c'est son emplacement, sur les rives de la Dordogne : elle semble lovée dans un méandre de la rivière, installée douillettement sur les bords de l'eau et moi, je ne résiste jamais à l'appel du courant. Mais de cette position a surtout découlé une histoire particulière, un héritage que l'on retrouve encore vivant aujourd'hui grâce à certains qui continuent de le faire vivre à notre époque : celui des gabares.
Les gabares, ce sont des embarcations à fond plat utilisées autrefois pour le transport des marchandises. Celles sur la Dordogne commençaient leur périple dans les gorges à la frontière du Cantal et le terminaient dans l'estuaire de la Gironde, avant de repartir en sens inverse, à la force des bras. Au début des années 2000, la gabare Adèle et Clarisse, nommée ainsi d'après les deux dernières passeuses du village, a été reconstruite selon les techniques d'antan et permet désormais une courte balade d'un peu plus d'une heure sur la rivière afin de faire revivre cette tradition et le dur labeur des gabariers : que transportaient-ils ? Quel était leur quotidien ? À quelle époque ont-ils écumé la Dordogne ? À quoi ressemblait la rivière en ces temps-là ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses durant ce périple.
S'il est très intéressant de découvrir tout ce pan de la navigation fluviale et un corps de métier méconnu, j'avoue avoir quand même été légèrement déçue de la balade en elle-même, mais je plaide coupable à ce sujet : je m'attendais à une petite croisière, avec un vrai circuit pendant l'heure de balade, mais en fait on ne s'éloigne jamais vraiment de Beaulieu, on navigue juste dans les alentours au rythme du courant. On a ainsi tout le loisir de profiter des riches flore et faune environnantes, de saluer les kayakistes ou les baigneurs et de rêvasser à ce que pouvait être la vie des gabariers. C'est très agréable, ne vous y méprenez pas, mais moi j'aurais bien embarqué pour plusieurs kilomètres de navigation !
Ces balades en gabares sont proposées de mai à octobre et sous divers formats : vous avez la balade classique commentée mais il en existe une autre en fin de journée, l'été seulement, orientée contes et légendes. Il n'y a d'ailleurs pas qu'à Beaulieu qu'elles sont proposées : dans la région, Argentat a aussi sa propre gabare et offre d'autres promenades, à la découverte de la faune et de la flore des bords de la rivière ou via des sorties théâtralisées. Comptez à partir de 7,50 € pour prendre votre place et pensez à réserver, et venir retirer, votre ticket à l'office de tourisme. Malgré ma petite déception du circuit assez court, j'ai passé un excellent moment et c'est une sortie que je ne peux que vous recommander si vous cherchez une activité insolite en Corrèze ou simplement découvrir les traditions bien de chez nous. (Plus d'infos.)
La chapelle des Pénitents avec son clocher en forme de mur.
Beaulieu-sur-Dordogne fait donc partie de cette poignée de villages où la mémoire des gabares continue de vivre plusieurs siècles après leur mise en circulation sur la Dordogne et d'autres rivières. Si elle vaut bien évidemment le détour pour cette activité qui perpétue la mémoire du passé, je vous invite aussi à prendre le temps de flâner dans son village médiéval. Il n'est pas bien grand alors n'ayez crainte, cela ne vous retardera pas trop. Vous pourriez même y faire de belles découvertes, tomber sur un point de vue original sur la rivière ou tout simplement en apprendre un peu plus sur l'histoire du village par le biais de panneaux mettant en lumière les lieux et bâtiments les plus emblématiques. Certains sont liés aux gabares mais pas tous alors, laissez-vous surprendre !
L'abbatiale Saint-Pierre.
Dans le prochain billet, nous changerons de département, direction la Dordogne, mais en continuant d'explorer la riche histoire de cette région avec la visite de deux châteaux fort différents.
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