Les endroits pour se promener en pleine nature sans quitter les limites de la ville ne manquent pas à Vienne et c'est d'ailleurs ce qui fait l'un de ses atouts. Je vous ai conté de nombreuses fois mon amour pour le Kahlenberg et ses alentours, cette colline recouverte de vignes à découvrir en toute saison. Il se pourrait bien que je lui ai trouvé un remplaçant. Pour cette nouvelle balade, je vous invite à quitter les hauteurs de la forêt viennoise pour plonger au cœur des marais, mais pas n'importe lesquels : ceux du parc national Donau-Auen et plus précisément la Lobau, la "jungle viennoise".
La Lobau, qu'est-ce que c'est ?
Le parc national de Donau-Auen, créé en 1996, englobe la zone marécageuse sur la rive nord du Danube, correspondant à la plaine d'inondation du fleuve. Elle s'étend depuis Vienne jusqu'à la frontière slovaque, soit sur plus de trente kilomètres, et couvre 9 300 hectares. La Lobau est le nom donné à la portion comprise dans les limites de la capitale autrichienne. Elle s'étend sur 2 300 hectares. Classée réserve de biosphère par l'UNESCO, elle abrite plus de sept cents espèces de plantes différentes, une centaine d'oiseaux, une cinquantaine de poissons et plusieurs de mammifères, de reptiles... Et, cerise sur le gâteau, on y accède très facilement en transport en commun.
Dit comme ça, c'est sûr qu'on pourrait s'interroger sur l'intérêt d'aller se promener dans des marais. Pourtant, la Lobau ne correspond pas vraiment à la définition classique que l'on peut s'en faire : point de mares stagnantes, d'odeurs putrides ou de nuées de moustiques... encore qu'au plus fort de l'été et par de fortes chaleurs, on doit en croiser quelques-uns. (J'ai d'ailleurs une petite anecdote à ce sujet, si vous me pardonnez la digression : à cause de la présence des moustiques à Vienne et d'un en particulier dont je n'ai aucune idée du nom, je suis obligée d'attendre un mois quand je reviens en France pour donner mon sang. C'est donc bien qu'on les trouve quelque part. Mais pour ma part, je dois avouer que je n'en ai encore aperçu aucun et pourtant je suis plutôt du genre à les attirer.) La seule chose que j'ai remarquée c'est l'humidité dans l'air : par endroits, j'avais l'impression de respirer de la mélasse, l'air était vraiment très lourd. Mais ce n'est pas plus gênant que ça.
Dans les portions que j'ai pu arpenter (car 23 km², c'est vaste !), j'ai surtout vu de larges sentiers bien balisés, une végétation certes dense mais pas du tout tropicale (le surnom "jungle viennoise" peut porter à confusion) et quelques petits lacs très agréables. On pourrait très bien confondre la Lobau avec une forêt plus classique... mais je ne suis pas une spécialiste. En tout cas à l'automne, quand la végétation commence à se parer de couleurs feu, c'est absolument magnifique. J'oserais même dire que quand j'y suis allée mi-septembre et que tout était encore bien vert, c'était plutôt... quelconque. Joli, agréable, mais pas non plus renversant. Alors que là... Superbe !
Qu'est-ce qu'on y fait ?
Comme je l'ai dit plus haut, de nombreux sentiers bien aménagés permettent de se promener au cœur de la Lobau. C'est vraiment le paradis de la randonnée : on peut suivre plusieurs circuits en boucle, plus au moins longs, réalisables en une à plusieurs heures. Rien n'empêche non plus de combiner les sentiers et de se créer son propre itinéraire pour profiter de la région selon son envie. Les principaux chemins sont très bien balisés, avec des bornes indiquant régulièrement le nombre de kilomètres restant à parcourir, où l'on trouve souvent une petite carte de la zone avec un repère de notre position. Il existe pas mal de chemins secondaires, certains sont clairement indiqués comme interdits et les autres... pourquoi ne pas faire un pas de côté et se laisser surprendre ?
C'est aussi un vrai paradis pour les vélos, avec un circuit balisé spécialement, car les routes sont larges et bien praticables. Il est possible évidemment de venir en vélo depuis le centre de la ville, en longeant notamment la promenade aménagée le long du Danube, très agréable. Sinon, le week-end, les transports en commun autorisent qu'on les emprunte accompagné de son compagnon à roues. Mieux vaut louer un VTT que d'utiliser les vélos en libre-service de la ville car les chemins ne sont pas non plus goudronnés (je le dis parce que j'ai eu cette idée mais clairement : non).
Il est également possible de se baigner dans la Lobau : il existe en effet plusieurs zones où la baignade est autorisée. Elles sont signalées par des petits pictogrammes (qui indiquent aussi qu'il ne faut pas se baigner si on a mis de la crème solaire par exemple : on ne rigole pas avec les zones protégées !). Par contre, attendez-vous à quelque chose d'assez sommaire : j'en ai vu deux, les deux étangs qui sont pris en photo dans cet article. Aucune réelle plage à chaque fois et on se baigne vraiment au milieu de la nature, bois, feuilles et algues comprises. C'est peut-être plus propre l'été quand les feuilles ne sont pas en train de tomber mais là j'avoue ça ne donnait pas trop envie ! (Oui je suis un peu chochotte sur les bords.)
Enfin, si vous avez le pied marin, sachez que des sorties en bateau ont régulièrement lieu. Une a pour point de départ le centre de Vienne et offre un petit circuit dans la Lobau ; elle est organisée de mai à octobre et dure une demi-journée. Il en existe d'autres mais elles se déroulent plus loin dans le parc, en Basse-Autriche. En transport en commun, c'est quasi mission impossible de s'y rendre.
Tout un tas d'autres activités sont organisées, comme des safaris photos, mais je suppose que c'est toujours en allemand. Si vous maîtrisez la langue, toutes les informations sont sur le site Internet du parc (une petite partie est traduite en anglais, sinon Google Translate est votre ami).
Baignade autorisée !
Les bords du Danube juste à l'extérieur de la Lobau. Ne soyez pas surpris si vous croisez des gens en tenue d’Ève et d'Adam, les zones naturistes ne sont pas loin...
L'une des zones de baignade.
Deuxième zone de baignade. C'est roots !
La Lobau est également un lieu chargé d'histoire : elle fut le siège des batailles d'Aspern-Essling et de Wagram (1809). Napoléon y avait installé son camp et six stèles en tout marquent les endroits les plus importants (le magasin à poudre, le cimetière français...). Un circuit spécial permet de toutes les découvrir.
Circuit des randonnées : cliquez pour accéder aux informations détaillées.
Circuit des randonnées : cliquez pour accéder aux informations détaillées.
Idée de promenade en une heure
Si vous n'avez pas trop de temps mais que vous voulez quand même découvrir un bout de la Lobau en une heure environ, voici le circuit que j'ai réalisé la première fois que je suis venue. Il permet de voir une grande variété de paysages et vous donnera un bon premier aperçu. Je n'ai pas du tout été déçue du second circuit que j'ai réalisé, plus vers l'est, mais disons que c'était un peu plus monotone niveau paysage.
À l'arrêt de bus Lobgrundgasse, rejoignez le parking puis empruntez le circuit rose "Pannozalacke" en partant sur votre gauche. Vous pouvez prendre le premier sentier, celui où l'on voit une espèce de construction en béton envahie par la nature, ou bien prendre celui qui est balisé : le premier vous amènera directement au bord du petit étang, le second vous fera passer devant la stèle marquant le quartier général de Napoléon. Dans tous les cas vous arriverez à la cahute du snack. Poursuivez votre chemin jusqu'à l'embranchement avec le circuit orange, "Naturlehrpfad Obere Lobau", sur votre gauche. Après quelques minutes vous arriverez au niveau du Josefsteg, un pont de bois construit il y a 150 ans, lorsque le lit du Danube se trouvait encore dans cette zone. Désormais il est perdu au milieu d'une forêt de roseaux, c'est un coin vraiment très joli et un paysage plutôt singulier. Poursuivez le chemin orange jusqu'à arriver à la sortie du parc, au niveau du centre d'information. Vous pourrez récupérer ici le bus à l'arrêt Biberhaufenweg. Bien sûr, vous pouvez aussi faire le chemin en sens inverse !
Le Josefsteg.
Super, c'est trop bien, comment on y va ?
Le Lobau possède plusieurs points d'accès. Le plus simple en transport en commun est via le bus 92B, qui dessert la station Kaisermühlen-VIC (métro U1) ou Donaustadtbrücke (métro U2) : vous pouvez descendre à l'arrêt Biberhaufenweg pour arriver au centre d'information ou à Lobgrundgasse, à côté de la raffinerie, pour découvrir la partie la plus orientale. La ligne 91A indiquée sur le document plus haut n'existe plus, pas la peine de la chercher ! Si vous êtes du côté de Seestadt (métro U2), le bus 88B vous amènera au nord du parc, arrêt Auernheimergasse. Sinon, si vous êtes véhiculé, des parkings attendent à chaque entrée.
Enfin, Autriche oblige, on trouve plusieurs points de ravitaillement dans tous les parcs, proches des entrées, si vous voulez faire une petite pause casse-croûte et avez oublié le pique-nique !
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