Visite guidée : la vieille ville
Je prends de plus en plus plaisir à effectuer des visites guidées, c'est vraiment le moyen idéal pour découvrir une ville quand on n'y reste pas longtemps et qu'on ne sait pas trop par quel bout la prendre. Cela permet souvent de poser les bases en quelques heures. Je ne connaissais rien de l'histoire de San Sebastián avant d'y mettre les pieds, je n'avais pas trop eu le temps de préparer ma visite, alors une visite guidée pour commencer la journée, c'est l'assurance de plonger dans le bain dans de bonnes conditions. L'office de tourisme en propose plusieurs, notamment une de la vieille ville (que nous avons faites) et une autre du centre-ville plus récent. Notre tour a duré environ deux heures, il est proposé en espagnol et anglais (en français l'été à certains horaires) et permet donc de découvrir la partie la plus ancienne de San Sebastián tout en ayant une foule d'informations historiques et culturelles, notamment sur les traditions basques de la région, les fêtes importantes, le pourquoi du nom de San Sebastián... Moi j'ai beaucoup aimé, ma mère moins, qui s'attendait à ce l'on décrive plus les bâtiments devant lesquels nous passions, plutôt que juste les endroits les plus importants où nous nous arrêtions. Dernier point : cela coûte 10 € par personne.
Point de départ : le marché ! Forcément on a eu le droit à petit cours express des spécialités basques.
Un aperçu des rues particulières de la vieille ville, très étroite. La lumière n'y pénètre pas beaucoup, les balcons sont fleuris : c'est une vieille ville assez moderne finalement.
L'église San Vincent, l'église des pauvres et la plus ancienne de la ville, construite au XVIe siècle. Son style gothique saute aux yeux. L'intérieur possède de très beaux éléments, notamment un retable magnifique. L'entrée y est gratuite. C'est l'un des rares bâtiments à avoir survécu à l'incendie de la ville en 1813.
La place de la Constitution, l'une des places les plus importantes de San Sebastián. Les numéros aux fenêtres des bâtiments sur trois de ses côtés rappellent son passé d'arène, quand les balcons des habitations servaient de tribune.
L'un des arrêts les plus marquants est au cœur du musée San Telmo, un ancien couvent dominicain. La visite guidée permet de découvrir l'ensemble des douze toiles réalisées par l'artiste José María Sert qui relatent douze épisodes marquants de l'histoire de la ville. Elles revêtent les murs de l'église. Vraiment impressionnant.
Le plus vieux bâtiment de San Sebastián, ça se remarque non ? Elle se trouve dans la rue du 31-août, la seule rue qui fut épargnée par l'incendie de 1831. Pourquoi ? C'était ici que se trouvaient les quartiers des assiégeants anglais...
L'autre église incontournable de la vieille ville, la basilique Sainte-Marie du Chœur. Son aspect est bien différent de l'église San Vincente, elle était autrefois réservée aux classes plus aisées de la population. Son entrée est payante et je n'ai pas eu le loisir d'admirer l'intérieur.
Le tour se termine devant l'hôtel de ville, ancien casino de San Sebastián. Une fois n'est pas coutume, j'ai préféré rester vague sur les informations historiques et culturelles dispensées pendant la visite guidée, mon but n'est pas de la remplacer mais plutôt de vous donner envie d'y participer. En tout cas, expérience validée pour ma part. Si je ne voulais pas déambuler dans la partie plus récente de la ville pour y voir des éléments particuliers (ça commence par art et ça finit par nouveau, j'en parle plus bas), et si j'avais été seule, je pense que j'aurais enchaîné sur la visite du centre-ville l'après-midi tellement celle-ci m'a plu.
Les plages
La fin de la visite guidée nous a laissés sur la promenade longeant le front de mer, introduction parfaite pour cette deuxième idée. Car San Sebastián est également connue pour ses plages, au nombre de trois. La plus importante, et la plus belle, est l'immense croissant qui fait face à la baie de la Concha. Le panorama est saisissant, quel que soit l'angle de vue. Bon, je ne cache pas que je me sentais plus rassurée sur la promenade face à cette concentration de baigneurs dans l'eau et de parasols sur le sable. Mais c'est quand même la classe d'avoir non pas une, ni deux, mais trois plages directement au cœur de l'agglomération. Il y a bien eu une fraction de seconde où j'ai regretté de ne pas avoir apporté mon maillot de bain... Ne faites pas la même erreur que moi !
Vue sur le port et sur le mont Urgull : si vous avez le temps, il est possible de monter au sommet, il y a d'ailleurs un musée qui retrace l'histoire de la ville. Il ne me semble pas possible d'y accéder en voiture néanmoins, c'est ce que nous avons essayé avant notre départ. Par contre, un bus y amène, ou du moins s'en rapproche, le n° 39. Mais les horaires ne sont vraiment pas pratiques (les bus font aussi apparemment la sieste en début d'après-midi), attention aux mauvaises surprises !
De l'autre côté, la plage de Zurriola. La houle y est ici plus forte, on a plus l'impression d'être au bord de l'océan que de l'autre côté, protégé dans la baie. C'est ici que vous croiserez les surfeurs venus dompter les vagues.
Troisième et dernière plage, au pied du mont Igeldo, la plage d'Ondarreta.
Et puis si faire trempette ne vous intéresse pas, se promener le long du front de mer est une balade hautement conseillée, notamment jusqu'aux thermes La Perla, joyaux de la Belle Époque et construit à l'époque par Marie Cristina, la reine régente.
Les bars à pintxos
Ce n'est pas tout ça, mais il commence à faire faim avec tous ces kilomètres arpentés. Ça tombe bien, j'ai LA spécialité à ne pas manquer : à San Sebastián, les tapas s'appellent peut-être pintxos, mais le principe reste le même. De nombreux bars, notamment dans la vieille ville, recouvrent leurs comptoirs le midi de grandes assiettes où s'étalent ces petits sandwichs appétissants. Si vous restez indécis devant le choix pléthorique, une seule solution : faire la tournée des bars. On pioche quelques pintxos, on essaye de trouver un coin de table pour poser son assiette, et surtout on n'oublie pas de parler bien fort. À faire glisser d'un verre de cidre, basque évidemment, ou de Txakoli, un vin blanc légèrement pétillant provenant de la région. Ma mère l'a trouvé très sec, moi trop sucré à mon goût... Faites-vous votre propre opinion !
Par contre un bémol : si vous êtes végétarien, je vous souhaite bien du courage. Difficile de trouver un pintxo sans charcuterie ou poisson. Quelques-uns sont uniquement avec du fromage, ou de l'omelette, mais ce n'est pas la majorité. Quant aux vegan, n'en parlons pas. Mais si vous avez des adresses où ils servent des pintxos adaptés à ces régimes alimentaires, ça m'intéresse... pour la prochaine fois.
Par contre un bémol : si vous êtes végétarien, je vous souhaite bien du courage. Difficile de trouver un pintxo sans charcuterie ou poisson. Quelques-uns sont uniquement avec du fromage, ou de l'omelette, mais ce n'est pas la majorité. Quant aux vegan, n'en parlons pas. Mais si vous avez des adresses où ils servent des pintxos adaptés à ces régimes alimentaires, ça m'intéresse... pour la prochaine fois.
Je ne saurais pas vous retrouver l'adresse où l'on a mangé, mais vu la profusion des bars à pintxos, vous ne manquerez pas de trouver votre bonheur. La preuve, au bout de quatre ou cinq, même moi, la personne la plus difficile sur cette planète, a réussi à trouver pintxo à son palais.
Le centre-ville
Après s'être restauré, direction l'autre côté du boulevard Zumardia, où les jardinières de fleurs symbolisent l'ancien mur d'enceinte de la vieille ville. On se trouve dans la partie plus récente de San Sebastián, qui s'est développée à la fin du XIXe siècle, lorsque la régente Marie-Christine y déménage sa cour les étés. San Sebastián devient rapidement une ville de villégiature et grandit en conséquence. L’œil le plus affûté ne manquera pas de reconnaître aux bâtiments de ce nouveau quartier un petit air de ceux de Paris. En tout cas, l'inspiration Belle Époque est partout, et c'est un véritable régal pour les yeux.
Le théâtre Victoria Eugenia, sur les rives de l'Urumea, avec sa façade typique Belle Époque. De l'autre côté du parvis se dresse le très bel hôtel Maria Cristina.
Un vrai oasis de verdure que le parc de Gipuzkoa, devant le palais du Conseil Général.
C'est le quartier parfait pour un peu de shopping : on y trouve de nombreuses enseignes, internationales ou locales. Attention néanmoins aux horaires espagnols, les magasins sont bien souvent fermés entre 13 h et 16 h.
Le pont Maria Cristina, avec ses quatre imposants obélisques à chaque coin.
Dernier bâtiment à ne pas manquer mais malheureusement pas en photo, du fait de sa taille : la cathédrale du Bon Pasteur et sa flèche qui s'élance vers le ciel. Elle forme avec la basilique Sainte-Marie du Chœur une belle perspective.
L'art nouveau
L'essor de la "nouvelle" ville de San Sebastián ayant eu lieu à cheval sur le XIXe siècle, la ville n'a pas échappé au moderniste, le nom du courant art nouveau en Espagne. Je n'ai pas beaucoup de points de comparaison dans le pays, si ce n'est à Barcelone, mais on est assez loin des constructions très organiques de Gaudí. La preuve en est avec le pont Kursaal, dont les lampadaires ne sont pas sans rappeler Otto Wagner à Vienne ou même les bâtiments de Plečnik à Ljubljana. Cela reste quand même un cas isolé et les autres exemples de modernisme n'ont pas grand-chose à voir et gardent une certaine harmonie.
Attention néanmoins : on trouve dans la nouvelle ville nombre de bâtiments qui pourraient se faire passer pour des constructions art nouveau mais qui à mon sens n'en sont pas (de toute façon, j'ai l'impression que tout le monde a un peu sa définition du mouvement, alors pourquoi pas moi ?). Bon nombre d'immeubles ont par exemple de jolis balcons ouvragés d'arabesques et si la ferronnerie fait partie des éléments propres de l'art nouveau, quelques fleurs dans les rambardes de balcons, ça ne suffit pas. Mais art nouveau à ma sauce, art nouveau pour de vrai ou pas art nouveau, après tout on s'en fiche non ? Cette partie de San Sebastián est vraiment très élégante et c'est un régal pour les yeux que de déambuler dans ses rues.
La calle Prim offre de beaux exemples d'art nouveau typique de la ville. Il y a notamment la porte au n° 10, à droite.
Mais le bâtiment le plus intéressant est en face, au n° 17 : outre les mosaïques qui sautent aux yeux, avec ces personnages féminins magnifiques, ce sont les fenêtres que je trouve absolument admirables. J'adore cette forme, on dirait le trou d'une serrure.
Un bel ensemble encore, un plus loin, aux alentours du n° 23. Malheureusement certaines parties de la façade étaient en rénovation, pas évident pour prendre des photos.
Encore plus bas, je ne sais plus si c'est le n° 33 ou 35. Cette fois, c'est l'entrée qui a retenu mon attention, avec sa porte monumentale découpée en trois par des colonnes, et ses guirlandes de fleurs sur toute la façade. Le bâtiment est vraiment impressionnant.
À gauche, calle Hondarribia n° 50 ou juste à côté ; à droite une porte de la calle Larramendi. Je me suis retenue de photographier toutes les portes mais elles sont toutes particulièrement travaillées, avec souvent des motifs géométriques très élégants.
Un exemple de fenêtre typique, de nouveau sur la calle Larramendi.
Un exemple superbe sur la calle Zubieta au n° 1E, non loin du front de mer, en face de l'Hôtel de Londres : le bâtiment est aussi beau à l'extérieur qu'à l'intérieur. La porte était ouverte, je ne me suis pas faite prier, même si je suis juste restée dans le vestibule. Comme pour les maisons d'Otto Wagner, la cage d'ascenseur est ouvragée. On a aussi un beau travail sur les fenêtres, notamment visible depuis l'intérieur, et dans la cage d'escalier. Sur la façade, parfaitement symétrique, le rez-de-chaussée et le premier étage sont particulièrement jolis avec ces grandes baies vitrées découpées en des fenêtres plus petites.
Dernier exemple mais non des moindres, malheureusement pas aidé par la forte luminosité qui donnait sur la façade : le n° 21 de la calle Garibay. On a encore de beaux balcons, ces bow-windows qui courent le long de la façade mais surtout cette superbe fenêtre arrondie, avec un délicat travail de sculpture sur les bords et bien sûr les vitres ouvragées.
Les exemples sont nombreux et c'est là juste un petit échantillon. Je n'ai pas bien eu le temps d'explorer le quartier en profondeur, mine de rien les rues sont longues et le quadrillage dense. Rien qu'en recherchant les numéros des maisons pour le billet, j'en ai repéré une autre qui m'a échappé, Calle Easo n° 17 (je suis allée voir la n° 47, je ne sais pas si j'ai mal reporté mes recherches dans mon carnet mais le bâtiment n'a pas grand intérêt, je vous évite le détour).
Le mont Igeldo
Pour des raisons pratiques, nous avons préféré découvrir San Sebastián d'en haut depuis le mont Igeldo. Il est possible de grimper à son sommet grâce à un funiculaire (l'aller-retour coûte 3,15 € pour les adultes) ou bien en voiture : pour cette dernière option, un péage au sommet est demandé, 2,20 € par personne (et non par véhicule). Mais la vue vaut bien ces quelques euros dépensés. En haut de cette colline on trouve un part d'attractions un peu désuet à l'intérieur duquel on déambule librement, ainsi qu'un ancien phare, qui abrite une exposition et en haut duquel on peut monter, contre espèces sonnantes et trébuchantes. Mais cela n'en vaut pas forcément la peine, depuis l'esplanade du parc d'attractions, la vue est absolument imprenable sur la baie. Je ne sais pas ce qu'elle vaut du côté du mont Urgull mais difficile de faire mieux !
Le Pays basque côté terre.
Du côté de la côte Atlantique : un paysage de bout du monde.
Le palais Miramare et ses jardins
Lorsque la reine régente installa durant l'été sa cour à San Sebastián, elle fit construire au bout de la plage de la Concha le palais Miramare. Ses jardins furent aménagés par le même jardinier que le parc de Gipuzkoa, le Français Pierre Ducasse. La vue qu'ils offrent est d'ailleurs incroyable : on n'est certes pas en hauteur comme sur le mont Igeldo, mais on a le droit à un panoramique à 360 degrés de la baie, avec les deux îles qui la ferment juste en face. Le palais malheureusement ne se visite pas en tant que tel : il abrite plusieurs institutions et peut être le lieu de manifestations. Lors de notre passage, un salon de l'ésotérisme s'y déroulait, dont l'entrée était évidemment payante. Nous n'avons eu le droit qu'à un très bref aperçu de l'intérieur, bien trop bref pour s'en faire une idée précise. Les jardins, eux, sont entièrement gratuits. L'arrière est beaucoup plus ombragé et faisait le bonheur de nombreux visiteurs, qui se prélassaient sur l'herbe.
Et c'est ainsi que s'est conclue cette journée à San Sebastián. Il y règne vraiment une ambiance très détendue, je ne sais pas si c'est l'effet de l'océan tout proche, mais en tout cas, malgré son architecture plutôt classe, l'atmosphère n'y est absolument pas guindée, c'est même tout le contraire. Bien évidemment, avec ces quelques idées, on est loin d'avoir tout vu de la ville et de l'apprivoiser complètement. Nous n'avons fait aucun musée, si ce n'est le passage express à San Telmo, pour profiter du beau temps ; nous avons à peine mis les pieds dans le quartier de Gros, de l'autre côté de l'Urumea, sans parler de tous les autres quartiers plus excentrés. Mais ça tombe bien, je ne compte pas attendre de nouveau 30 ans avant de revenir à San Sebastián !
Vous avez aimé ? Épinglez-moi !
Très belle promenade ensoleillée (en même temps en été. Oups ! Encore le mot été :D)
RépondreSupprimerJe connais très peu le nord de l’Espagne, juste un peu Santander, San Vincente de la Barquera et Saint-Jacques-de-Compostelle; mais les souvenirs datent de mes 15 ans.
Je note San Sebastian si jamais j’y retourne un jour !
Moi aussi je connais très peu la région et c'est vraiment dommage, ça m'a vraiment donné envie d'en découvrir plus ! La côte Atlantique côté Espagne a l'air superbe <3
SupprimerVotre blog présenté dans Géo d'avril 2018 m'a attirée parce que Wien m'à fascinée lorsque j'y suis allée. Et parce que je ne peux m'empêcher de vous envier et de vous admirer, vous qui avez eu le courage de quitter votre environnement familier pour aller vous y installer. Je connais le sentiment que vous décrivez lorsque vous dîtes que vous vous êtes sentie chez vous dès le 1er jour malgré votre état ce jour là. J'éprouve le même en Alsace et en Allemagne. Et surprise, c'est à San Sebastian que vous m'emmenez ! Je vais au Pays Basque en juin prochain, tout près de St Jean de Luz au pied des Pyrénées. J'irai découvrir San Sebastian bien sûr et suivrai vos pas dans les rues où vous nous montrez de si belles façades Art Nouveau. Car en plus je partage votre amour pour cet art ! Comme quoi, les rencontres n'ont pas d'âge... : j'ai 63 ans et vous dis merci de si bien écrire et partager aussi généreusement vos balades et découvertes. Je marche malheureusement assez mal mais derrière vos lignes, je galope ! S'il vous plaît, ne vous arrêtez pas en si bon(s) chemin(s) !
RépondreSupprimerBien à vous. Laetitia
Laetitia, je vous remercie infiniment pour votre commentaire qui me faut très chaud au cœur !
SupprimerJ'espère que vous tomberez sous le charme de San Sebastian comme moi : si vous aimez l'art nouveau, vous allez vous régaler, c'est sûr ! Le Pays basque, français ou espagnol, est une région magnifique. Je vous souhaite un très bon voyage !
Et je retournerai à Vienne !
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