L'Autriche regorge de lacs, plus ou moins grands, plus ou moins connus. Au sud de Vienne se trouve le Neusiedlersee, dont la particularité est d'être à cheval sur la Hongrie. C'est aussi le deuxième plus grand lac de steppes d'Europe centrale, avec une superficie de 315 km² ! Entouré de nombreuses réserves naturelles, c'est une destination très prisée, aussi bien en hiver quand l'eau gèle et que les patineurs s'en donnent à cœur joie, qu'en été pour les baigneurs et autres randonneurs. C'est à la faveur d'une belle journée début mars que j'ai découvert cet endroit. Et comme cette excursion n'a pas tout à fait pris le tour que je m'attendais, je me suis dit qu'il serait bon de partager mon expérience... en attendant une nouvelle tentative !
S'y rendre
Ceci est la seconde gare de Neusiedl, située proche du centre-ville, sur le chemin du bord du lac : mais la ligne qui la dessert provient des villes de la région, pas de Vienne.
Depuis que j'habite en Autriche, je dois me réhabituer à une vie quotidienne sans voiture. Si au cœur de Vienne cela me pose rarement problème, il en va autrement dès que je veux explorer les environs. Le réseau de train et bus est plutôt bien développé quand il s'agit de rallier les grandes agglomérations mais en dehors de ça, cela peut vite devenir le parcours du combattant... ce que j'ai vraiment expérimenté ce jour-là.
Pour se rendre au lac de Neusiedl, vous avez plusieurs destinations possibles : je me suis rapidement arrêtée sur Neusiedl am See, situé sur la rive nord. La principale raison ? Un train dessert la ville depuis Vienne, à raison d'un par heure. Le trajet aller coûte 11 € : pas donné mais toujours moins cher que le combo essence/péage en voiture, surtout si on roule seul. Arrivé à la gare, le premier problème se pose : elle est située à près de deux kilomètres du centre-ville. Un bus fait la liaison (le 292) mais seulement un... tous les deux heures le samedi (un toutes les heures en semaine). Si vous y allez en week-end, vous avez donc une chance sur deux d'arriver à l'heure où il n'y a pas de bus. Le ticket seul coûte 1,70 €, et le ticket journée 3,40 €, mais à ce prix-là vous pouvez uniquement circuler à l'intérieur de Neusiedl am See.
Autre problème : le bord du lac se trouve à nouveau à plus de deux kilomètres du centre : et cette fois, aucun bus ne fait la liaison (peut-être en été mais je n'ai pas trouvé cette information). C'est donc parti pour de nouveau trente à quarante minutes de marche : la route n'est pas désagréable, avec piste cyclable et piste piétonne aménagée, mais c'est vraiment très long.
Ce jour-là, j'avais prévu de faire également un saut à Podersdorf, situé à dix kilomètres : or, même combat. Cette fois la ligne de bus à prendre est la 290 mais la fréquence est identique ; le ticket aller coûte, quant à lui 4,40 €. Le bus retour se fait aux heures en décalé, donc vous avez le choix entre passer une, trois, cinq... heures sur place. Finalement, je n'y suis pas allée pour d'autres raisons, mais je vous laisse bien imaginer comme cela laisse peu de latitude et zéro place aux manquements d'horaires.
Neusiedl am See : Stadtcaffè
Je me suis dit que 2 km, ce n'était pas la mer à boire, et j'ai donc décidé à l'aller de faire le trajet à pied. Cela m'a permis de découvrir la rue principale de Neusiedl, qui n'a guère d'intérêt ni de charme : une rue où les maisons puis les commerces s'alignent les uns à la suite des autres. La ville devient un peu plus mignonne quand on arrive sur la Hauptplatz mais vraiment, rien d'exceptionnel non plus. Après une demi-heure de marche, j'avais en outre plus hâte de rejoindre le café où je comptais petit-déjeuner que prendre des photos !
J'avais repéré le Stadtcaffè, qui s'est révélé dans la réalité encore mieux que sur Internet. Situé sur la rue principale, il a l'avantage de proposer des petits déjeuners toute la journée. Les options sont très larges, du Wiener Frühstück classique en passant par des versions vegan ou juste végétarienne. J'ai pris l'une de mes déclinaisons favorites, avec muesli et une assiette généreuse de fruits. Le tout accompagné d'une part d'Apfelstrudel, qui n'avait pas la consistance habituelle mais qui s'est révélé très bon.
Le café sert ainsi une sélection de pâtisseries ainsi que des plats salés le midi. La salle est plutôt grande et la décoration très réussie, avec banquettes et canapés en velours. Il est également vendu quelques produits comme des confitures. Vraiment une adresse que je recommande !
Untere Hauptstraße 48
7100 Neusiedl am See
Neusiedl am See : Kalvarienberg
Je voulais absolument combiner cette journée au bord du lac avec une petite promenade. Il existe plusieurs circuits dans les alentours mais difficile de trouver les itinéraires précis... d'autant que l'office de tourisme était fermé ce samedi. Cela se complique encore quand on n'est pas véhiculé, car les points de départ ne sont pas toujours en agglomération. Néanmoins, j'avais repéré qu'à la sortie de la ville se trouvait une petite colline, le Kalvarienberg, d'où il semblait y avoir une vue imprenable sur le lac et les alentours, également point de départ d'une randonnée dans les vignes. C'était parfait pour mon programme. Comme son nom l'indique, cette colline est recouverte de calvaires, proposant un chemin de croix pour arriver au sommet, où l'on profite de la vue, jusqu'aux sommets enneigés à l'horizon. Tous les calvaires ne sont malheureusement pas en très bon état, pour certains ils ne restent même que la structure, et j'ai trouvé dommage qu'il n'y ait pas une pancarte explicative (même en allemand, soyons fous) pour comprendre ce que chacun représentait.
Ce jour-là, un avis de vents violents était annoncé sur l'ouest de l'Autriche. Je pensais y échapper à l'autre bout du pays mais pas du tout : en haut de ce petit promontoire, cela soufflait très fort, et il n'était pas agréable de rester trop longtemps à la merci des éléments, aussi belle soit la vue. J'ai donc enchaîné sur le début du parcours à travers les vignes. Mais vraiment, entre le vent et ce paysage un peu déprimant de vignes complètement nues, j'ai vite fait demi-tour : après tout, j'étais surtout là pour voir le lac.
Les trois randonnées possibles depuis Neusiedl am See (en anglais).
Les éoliennes, elles, tournaient à plein régime.
Neusiedlersee
J'ai donc pris mon courage à deux mains (ou à deux pieds), je suis redescendue de ma colline et je me suis engagée sur la longue ligne droite qui mène au lac. Suivant des calculs très précis relevant du pifomètre le plus total, j'avais estimé que le trajet serait moins long qu'entre la gare et le centre-ville (résultat ? Pas vraiment : une bonne demi-heure en ne se pressant pas trop). Mais même si la promenade est assez agréable, et que je n'étais visiblement pas du tout la seule à emprunter le chemin, la route est un peu déprimante et sans guère d'intérêt pour les yeux : allais-je un jour en voir le bout ? Après plus de vingt minutes, on longe une marina avec de très belles maisons sur l'eau. Clic clac, quelques photos. Le vent se lève, par la même occasion, ridant la surface : on approche !
Première mauvaise surprise, en arrivant : le lac a une vilaine couleur marronnasse et a complètement débordé des berges. Sans compter le vent qui souffle de plus en plus fort : je sens la fausse bonne idée de sortie se muer en catastrophe complète...
Et effectivement, il est presque intenable de rester au bord du lac : entre les gerbes d'eau et le vent, il faut lutter pour s'approcher du bord, et ne pas se faire éclabousser. Les abords sont complètement trempés. Il m'avait semblé sur Google Maps ne pas voit de chemin côtier, et mes craintes se sont confirmées. À cet endroit du lac, il n'y a qu'un ponton avec un restaurant (le Mole West, pris d'assaut et aux tarifs horriblement chers : clairement, on paye l'emplacement), un autre en retrait de toute façon fermée en cette période de basse saison et un parc avec quelques jeux pour enfants. En période plus calme, il doit être agréable de se poser sur un banc face au lac, ou même se baigner. Mais là, c'est le grand moment de solitude. Je suis quand même restée un moment, à m'amuser à photographier les vagues et les kitesurfeurs qui s'envolaient à des hauteurs impressionnantes. Avec les dimensions du lac, j'avais presque l'impression de me retrouver au bord de la mer. Seuls l'absence de sel dans les embruns me rappelait bien que j'étais en Autriche et pas en Bretagne.
Le ponton du Mole West, complètement détrempé. Les Autrichiens doivent avoir des origines bretonnes car, même par ce temps, nombreux étaient ceux en terrasse du bar, sous les rafales de vent.
Après presque une heure à profiter tant bien que mal de l'endroit et à photographier les cinquante mètres de front de lac sous toutes les coutures, je décide de rebrousser chemin : j'abandonne finalement l'idée d'aller à Podersdorf, peu enthousiasmée de revivre une deuxième fois un tel déchaînement d'éléments. Une autre fois, dans des conditions plus optimales ! Il est un peu plus de 14 h, je suis là depuis à peine 3 h mais il est temps de reprendre le chemin du retour...
Ce que je retiens
Finalement, cette expédition avortée n'aura pas été une catastrophe du début à la fin, même si je me souviendrai longtemps de la course sur plus de quatre kilomètres pour avoir mon train à l'heure... Le lac de Neusiedl sans voiture, c'est vraiment peu pratique, ce qui est fort dommage tellement l'endroit est chouette. La prochaine fois, je compte aller de l'autre côté, à Eisenstadt, où l'on trouve notamment le château Esterházy. La ville n'est pas très loin du lac mais je sens encore la galère qui m'attend : pour le moment, je n'ai pas encore décidé ce qui me semble le plus judicieux, louer une voiture à la journée ou un vélo sur place, car les distances sont quand même pas mal importantes et on ne trouve pas des gares partout (ou alors ne pas essayer de rejoindre le lac, mais ce serait quand même dommage).
Dans tous les cas, en hors-saison, c'est encore plus le parcours du combattant, avec notamment les locations de vélo fermées : sans moyen de locomotion, c'est aller au-devant de difficultés qui pourraient bien faire tourner votre sortie, ou du moins vous faire passer à côté de plein de chouettes endroits et réduire drastiquement la liste des possibilités. C'est faisable, mais avec quand même de sacrées contraintes. On verra dans l'épisode deux si j'ai réussi à les contourner de manière satisfaisante, sans y laisser un rein !
Mais zéro regret pour cette première expédition au Neusiedlersee. J'aurais aimé tomber sur un tel article quand j'ai commencé à préparer ma sortie, redoutant que ça ne soit pas faisable sans voiture. mais décidant d'y aller quand même. Maintenant que je sais à quel point c'est compliqué, je m'organiserai mieux, c'est tout.
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C'est superbe ! Comme tu dis, c'est dommage que ce genre d'endroits soient si difficiles d'accès.. Bref, à chaque fois que je vois tes goûters/pauses café dans tes articles, ça me donne envie d'aller en Autriche pour tester ça moi-même.. :D xx
RépondreSupprimerSi tu es gourmande, tu ne seras pas déçue ! Mais ça va, au Royaume-Uni vous êtes servis niveau cafés, etc. C'est en France que je suis malheureuse maintenant quand je rentre ^^
SupprimerMerci c'est précieux vos infos.
RépondreSupprimerThami
Avec plaisir :)
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