Klagenfurt le temps d'un week-end (en hiver)

Klagenfurt est la capitale de la Carinthie, le Land le plus au sud de l'Autriche, à la frontière de la Slovénie et de l'Italie. C'est sur un coup de tête que j'ai décidé de partir mi-février : j'avais le moral dans les chaussettes, je voulais du soleil et les prévisions météo annonçaient du beau temps dans la région. Bon, clairement de ce côté on repassera (ne vous laissez pas berner par le ciel bleu sur certaines photos, elles ont été prises une heure avant que je parte), mais j'ai découvert une ville et une région très agréables qu'il me tarde déjà d'explorer à la belle saison. Aperçu de mon programme en trois temps pour un séjour à Klagenfurt réussi : culture, nature et relaxat-ure.

On se cultive : la vieille ville de Klagenfurt

Le centre historique de Klagenfurt, l'Innere Stadt, n'est pas bien grand et est en majorité piétonnier, comme dans beaucoup de villes autrichiennes. On y retrouve la grande place centrale, l'Alter Platz, le cœur de l'ancienne ville médiévale. Là, entre les cafés et les boutiques, s'y élève l'ancien hôtel de ville (en photo d'introduction de ce billet) et tout un réseau de ruelles, de passages et de cours intérieures cachées en rayonne. Il ne faut pas hésiter à s'engager dans des petites allées ou ce qui ressemble à des entrées d'immeubles pour découvrir quelque recoin secret. On y trouve également l'habituelle colonne de la Trinité édifiée après l'épisode de peste au XVIIe siècle mais la particularité ici c'est qu'elle est surmontée d'un globe, d'une demi-lune et de la croix patriarcale, suite à la victoire du Saint-Empire sur l'invasion ottomane. C'est également là, sur l'Alter Platz, que se trouve une marque qui rappelle un épisode qui aurait pu donner son nom à la ville : sur le bâtiment au coin d'avec la Wiener Gasse est disposé une tête en bas-relief blanc, symbolisant le jeune garçon exécuté pour un vol qu'il n'avait pas commis, entraînant de nombreuses plaintes de la part de la population (Klagenfurt voulant dire, littéralement, le "gué des lamentations").

Dans la Kramergasse, l'une des plus vieilles rues de Klagenfurt, on retrouve au sol une mosaïque composée des blasons des villes avec qui elle est jumelée.

   

On trouve dans tout l'Innere Stadt de nombreux beaux palais, comme le palais Goëss au bout de l'Alter Platz.

   

À gauche, la cour de l'ancien hôtel de ville.

Juste au sud de l'Alter Platz, autrefois en dehors des limites de la ville médiévale, se tient la grande Neuer Platz, construite plus tardivement au XVIe siècle et centre de la nouvelle ville érigée à cette époque. Avec ses proportions imposantes (175 m de long sur 75 de large), elle marque une césure franche avec la ville médiévale. À un de ses bouts, on trouve l'hôtel de ville actuel ; de l'autre, la statue de Marie-Thérèse d'Autriche (elle fut la première dans le pays à être érigée en l'honneur de l'impératrice en 1765, même si celle actuelle date du XIXe siècle). Au centre, l'un des symboles de Klagenfurt : la fontaine Lindwurm avec son dragon ailé rappelant la légende de la fondation de la ville (impliquant la mise à mort du monstre qui vivait dans les landes autour du lac). Côté pratique, c'est sur la Neuer Platz que se trouve l'office de tourisme.

Faisant la jonction entre les deux places, le Landhaus, avec son architecture en forme de fer à cheval et ses deux tours. À ne pas manquer à l'intérieur, le hall des blasons, avec plus de 600 blasons de familles liées à la gouvernance du Land : malheureusement je suis passée à côté, trop occupée à chercher un endroit où me restaurer... #boulet

   

Les églises

Klagenfurt regorge d'églises dans son centre historique et c'est par hasard que j'ai poussé la porte de celle-ci, l'église St. Egid avec son clocher haut de 90 mètres. L'intérieur est très décoré, très coloré même, avec notamment de superbes fresques au plafond. Mais ce qui m'a surtout interpellée c'est ça :

Il ne m'a pas fallu plus de deux secondes pour reconnaître l'artiste derrière ce tableau si particulier : Ernst Fuchs ! C'est en me renseignant ensuite sur la supposée chapelle où il a peint l'Apocalyspe dont je ne trouvais pas l'entrée que j'ai appris malheureusement qu'elle ne se visitait qu'à certaines heures. Aucun regret, je suis de toute façon arrivée trop tard ce jour-là mais c'est noté pour la prochaine fois que je reviendrai.

   

J'ai également décidé d'aller voir à quoi ressemblait l'intérieur de la cathédrale (parce que la cathédrale). J'ai été vraiment très surprise, une fois de plus, par son intérieur très riche qui contraste fortement avec l'austérité de l'extérieur. C'était également la première fois que je voyais une église dans les tons rose pastel, plutôt étonnant mais très joli, très apaisant. Et ces fresques au plafond, encore une fois... !

Art nouveau

Klagenfurt était bien le dernier endroit où je m'attendais à trouver des exemples d'art nouveau. En faisant une recherche rapide sur Internet avant de partir, j'ai appris l'existence de l'hôtel Moser, malheureusement fermé depuis quelques années. Je n'ai même pas pensé à noter l'adresse (Burggasse) sur le coup mais j'ai été bien contente de tomber sur sa façade rose bonbon par hasard au gré de mes pérégrinations. Il ne dépareillait pas dans les rues déjà très colorées de la ville.

   

Je n'ai aucune indication sur l'histoire de ces deux bâtiments situés dans Kramergasse mais ils ont tout de suite attiré mon attention : du doré, des motifs floraux, des arabesques, de la symétrie... Un petit côté Sécession viennoise qui m'a bien plu !

Le dernier exemple que j'ai croisé, et le seul vraiment référencé comme tel, est le Stadttheater, le théâtre municipal qui se trouve au nord-ouest de la vieille ville, construit à la fin des années 1900 par le cabinet Fellner et Helmer (également responsables, entre autres, du théâtre de Baden – j'adore ces petites anecdotes – mais également de nombreux bâtiments à Vienne comme le Volkstheater et le Konzerthaus).

   

Autre place à ne pas manquer (à droite), la Dr.-Arthur-Lemisch Platz avec ses maisons dans un style typiquement germanique ; on y retrouve également une statue du fondateur de la ville, le duc Berhard von Spanheim.

Bonnes adresses

Côte bonnes adresses, voici mes découvertes et déceptions. Avant toute chose, j'ai été très surprise de l'influence italienne sur la ville, sur l'architecture un peu mais surtout sur la gastronomie, avec beaucoup de restaurants ou plus généralement de plats italiens ou d'influence méditerranéenne (sans compter les menus souvent traduits en italien). C'est donc sans beaucoup de surprise que j'ai déjeuné le samedi midi chez Opatija (Badgasse 10), un restaurant proposant des spécialités... méditerranéennes ; la raison ? Leur risotto à l'encre de seiche qui s'est révélé très bon, même si j'ai déploré l'utilisation d'un riz basique et non d'un riz à risotto. Pour le goûter, j'ai longuement erré à la recherche d'un café proposant des pâtisseries dignes de ce nom : tous fermaient relativement tôt les samedis mais globalement j'étais étonnée de ne pas tomber sur les cafés typiques autrichiens. À chaque fois que je jetais un œil par la vitrine, les gâteaux étaient aux abonnés absents. J'ai donc eu le temps de faire trois fois le tour de la ville à la recherche d'un point de chute :

• l'ambiance cosy du Café Walter sur la Neuer Platz me disait bien mais il ne restait plus rien en choix de gâteau ;
• il y avait le Rose Cupcake au bout de l'Alter Platz mais ça fermait à 17 h, un peu trop tôt pour moi, et je n'avais pas très envie de cupcake ;
• le Café Como (Bahnhofstraße 15), pourtant bien noté sur Internet, proposait un choix de pâtisseries trop européennes (muffin et autres cheesecake) pour mon goût du moment ;
• le Café Da Vinci me tendait les bras avec son Apfelstrudel mentionné en vitrine mais sa salle fumeur m'a fait fuir à la vitesse grand V.

Finalement, un peu part dépit, j'ai atterri au Café Hutter sur l'Alter Platz qui avait comme avantage de fermer tard. Pour le coup ils proposent un large choix de pâtisseries mais rien qu'en voyant leur Apfelstrudel, je savais que je n'allais pas l'aimer : bingo ; trop sec, trop farineux. Peut-être aurais-je eu plus de chance avec un autre gâteau ?

On s'oxygène : Wörthersee

L'un des arguments qui ont motivé mon choix de venir à Klagenfurt était le Wörthersee, un très grand lac à l'est de la ville. Les alentours sont parfaits pour randonner, avec de nombreux points de vue (comme le Pyramidenkogel) mais sans véhicule, j'ai dû restreindre mes envies. J'avais repéré quelques balades accessibles facilement depuis la ville, parfaites pour le dimanche quand tout serait fermé. Jusqu'au dernier moment j'ai vraiment espéré que le temps allait se lever mais quand il a fallu rendre la chambre d'hôtel et qu'il était clair que la couverture nuageuse était là pour un moment, je me suis quand même décidée à aller explorer les environs, n'ayant rien d'autre à faire de toute façon.

Les bords du Wörthersee sont aménagés en une promenade qu'il est possible d'emprunter pour en faire le tour. Du côté de Klagenfurt, on trouve quelques pontons, à la fois pour la baignade et pour l'amarrage des bateaux qui font la navette l'été, ainsi qu'une plage et un grand parc où l'on trouve de nombreux jeux pour enfants. Les photos sont plombées mais il y avait comme une certaine mélancolie qui se dégageait du lac (à moins que ce n'était que mon humeur qui déteignait sur le paysage ?). Il faut faire un petit travail d'imagination pour se représenter les environs sous le soleil, la végétation vêtue de ses couleurs vertes, les baigneurs remplaçant les canards dans l'eau. Mais même sous la grisaille, et même malgré le froid, il faisait bon se promener au bord de l'eau. Pendant un instant, je me suis même surprise à m'imaginer au bord de la mer...

J'ai donc abrégé le circuit initialement prévu (il restait d'ailleurs encore pas mal de neige, ce que je n'avais pas anticipé*) et me suis contentée de monter au Zillhöhe, un point de vue accessible en une vingtaine de minutes depuis les bords du lac. À la base je pensais aller me promener dans les vignes ou pousser jusqu'à Pirk, ce qu'on m'avait conseillé à l'office de tourisme, mais clairement le chemin n'était pas très praticable avec toute cette neige (et avec ce temps, je n'étais pas d'humeur à marcher pendant des kilomètres). Je suis donc restée un moment sur la petite éminence rocheuse, à essayer de photographier les nombreux oiseaux qui allaient et venaient auprès des petites maisons installées là ; au vu de l'échec cuisant de l'expérience, on va dire que photographe animalier n'est guère une reconversion de carrière envisageable !

* À Vienne, je me rends compte qu'on a plutôt été préservé (oui je mets ça au passé, je veux croire très fort que c'est terminé !) de l'hiver autrichien : certes, il a fait froid, mais nous n'avons eu que deux épisodes neigeux pour le moment et, même si à chaque fois c'était en mon absence, ça n'a guère tenu dans les rues. Résultat, je suis toujours étonnée quand je vais dans le reste du pays de voir qu'il y a autant de neige.

On se relaxe : Seepark Hotel

Ce n'est pas dans mes habitudes de réserver ce genre d'hôtel, d'habitude je fais plutôt au plus économique. Mais hiver et Autriche obligent, je savais que la nuit tomberait tôt et qu'il n'y aurait plus rien à faire à partir de 18 h le samedi. Je n'ai donc pas résisté longtemps quand j'ai vu que le Seepark Hotel proposait un spa accessible aux clients de l'hôtel jusqu'à 22 h : c'était le dernier maillon parfait pour ce week-end que je voulais principalement tranquille et reposant.

J'ai beaucoup aimé l'agencement de la chambre, avec cette salle de bains ouverte et la douche dans une cabine rouge pétante opaque. Un peu moins de trouver une Bible dans le placard : cela me surprend toujours, nous Français ne sommes pas habitués à en trouver dans les hôtels. Par contre, comme c'est souvent le cas en Autriche, le lit double porte bien son nom : ce sont deux lits installés côte à côte. Serviettes de bain, peignoirs et chaussons sont fournis pour le spa, ce qui est vraiment pratique. Ensuite, il n'y a plus qu'à profiter.

La piscine est accessible dès 7 h le matin ; rien de plus agréable que d'aller barboter quelques minutes pour finir de se réveiller. Le coin spa avec sauna, hammam et d'autres pièces à température variable est ouvert à partir de midi (il est également possible de réserver des soins, massages, etc.). Un petit panneau vous invite juste à l'entrée à vous dévêtir... entièrement. Alors personne ne viendra vous faire les gros yeux si vous y entrez quand même en maillot de bain mais ne soyez pas étonnés si vous partagez la cabine de sauna avec d'autres personnes... dans leur plus simple appareil (ça sent le vécu).

Le matin j'ai également profité du buffet gargantuesque du petit déjeuner. Il coûte quand même 17 €, ce que j'ai trouvé un peu cher par rapport à ce qui est proposé (sympa de voir que les nombreux jus proposés proviennent des briques que t'achètes au supermarché du coin) mais il y a en tout cas beaucoup de choix. La profusion de pain nous ferait presque oublier que c'est la France qui est censée être la patrie de la baguette ! Côté sucré, beaucoup de viennoiseries, des gâteaux, de la brioche ; pas mal de fruits, des céréales, du muesli... Côté salé, de la charcuterie, du fromage, encore de la charcuterie, un peu plus de fromage... Mais surtout une station "plats chauds" où il était possible de demander à ce qu'on vous fasse une omelette sur-mesure. Autant dire que ça cale bien jusqu'au soir (ce qui était l'objectif). Il est possible de venir profiter du petit déjeuner sans être client de l'hôtel (le restaurant est ouvert pour tous) et une formule brunch est également proposée le dimanche à partir de midi pour 32 €.

   

Alors le Seepark Hotel, parfait ? Le seul inconvénient que je lui ai trouvé, c'est sa position excentrée. Être sur les bords du lac est à la fois un avantage et un inconvénient, surtout si vous n'êtes pas véhiculé : il y a des lignes de bus qui passent à proximité mais la fréquence est plutôt rare (de l'ordre de un toutes les demi-heures) et le dimanche c'est encore pire.

Seepark Hotel
Universitätsstraße 104
9020 Klagenfurt