Si vous comptez rester plus de deux jours à Brighton, vous risquez vite de tourner en rond une fois les principaux lieux de la ville visités. Heureusement, les idées d'excursion aux alentours ne manquent pas et Lewes en fait partie. Cette petite ville m'a été recommandée par Andrew, mon hôte AirBnB, qui m'avait indiqué que quelques heures étaient plus que suffisantes pour en faire le tour. Et effectivement, c'est une destination idéale pour une demi-journée, et notamment pour les amateurs d'histoire anglaise. L'accès depuis Brighton y est d'ailleurs très facile : une quinzaine de minutes en train, plusieurs trains par heure, et moins de £5 l'aller/retour dans la journée. Comme d'habitude, le circuit de la balade est à retrouver en fin d'article. En route !
Lewes est une petite ville d'un peu plus de quinze mille habitants. Le centre est ramassé autour d'une poignée d'axes principaux et l'on en fait rapidement le tour. Pour le début de ce circuit, direction l'est et le quartier de Cliffe, où se situe notamment la Harvey's Brewery, la dernière survivante des sept brasseries que comptait la ville. Elle fut fondée en 1790 mais le bâtiment actuel, d'architecture victorienne, ne date que de 1880. Si elle ne se visite plus pour le moment, il est toujours possible de faire un saut à la boutique pour faire le plein de la production locale. Mais outre la brasserie, le quartier de Cliffe est surtout intéressant pour ses ruelles piétonnes qui abritent des petites boutiques et surtout son marché de producteurs locaux, qui se dresse deux samedis par mois.
Direction ensuite le centre de Lewes en remontant par High Street, et notamment les Needlemakers, une ancienne fabrique de bougies reconvertie en usine d'aiguilles chirurgicales durant la Première Guerre mondiale. Les bâtiments en brique rouge abritent maintenant de nombreux commerces indépendants (bijoux, déco, vêtements, antiquités) et un café. Juste à côté, il ne faut pas manquer aussi la tour du marché, qui arbore les armoiries de la ville et l'où se déroulait auparavant le marché de la ville. Désormais, le premier samedi du mois, ce sont des artisans locaux qui viennent exposer leurs travaux.
L'un des immanquables de Lewes est bien évidemment son château, ou plutôt ce qu'il en reste. Sa construction date d'après la bataille des Hastings, en 1066, par Guillaume de Warenne pour renforcer son contrôle sur la ville et sa région. Durant les siècles suivants, de nombreuses modifications y seront apportées, jusqu'à la construction de l'imposante barbacane au XIVe siècle. L'une des particularités du château est la présence d'une seconde motte castrale, à l'est, désormais inaccessible pour des raisons de sécurité : c'était là que s'élevait le premier fortin. Le Moyen Âge se terminant, et comme bien souvent des problèmes de succession faisant surface, le château finit par perdre de son utilité puis par être abandonné ; ce n'est qu'au XIXe siècle qu'il retrouve un regain d'intérêt quand la Sussex Archaeological Society en devient propriétaire. La mode est alors aux vieilles pierres, on vient s'y promener, y trouver l'inspiration... jusqu'à aujourd'hui où, en plus de se visiter, le château est le théâtre de nombreux événements, aussi bien publics que privés (qui n'a jamais rêvé de se marier au sein d'un château fort ?).
En arrière-plan, on aperçoit la seconde motte. Le terrain de jeu de boules se situe dans ce qui était autrefois la cour du château.
Du haut de la barbacane et du château, de magnifiques vues de la campagne du Sussex se déploient à 360°.
La barbacane.
Le billet d'accès au château permet également de visiter le Barbican House Museum, qui retrace l'histoire de la ville et du comté, notamment d'un point de vue archéologique, de la préhistoire à la fin du Moyen Âge. On peut également y admirer une maquette de Lewes au XIXe siècle ainsi qu'une tapisserie représentant la bataille de Lewes, tissée lors de la célébration de ses 750 ans. Un épisode important de l'histoire anglaise car, pour la première fois, on ne se bat pas pour savoir qui montera sur le trône mais en réponse à la manière dont est gouverné le royaume. Un conflit précurseur de l'instauration de la démocratie représentative.
De retour ensuite dans High Street. C'est l'occasion de passer devant Saint Michael Church, l'une des plus vieilles églises de Lewes. Elle est l'une des trois églises survivantes dans le comté possédant une tour ronde : c'est d'ailleurs la partie la plus ancienne du bâtiment, datant du XIIe siècle. On y retrouve d'ailleurs une statue représentant l'archange.
À droite, une librairie survivante du XVe siècle !
On tourne ensuite dans Keere Street, une rue pavée un peu raide, qui marque la limite de la ville médiévale : elle fut construite en partie sur les fossés asséchés et l'on peut apercevoir des restants du mur d'enceinte derrière les maisons. La légende voudrait que George IV, alors prince régent, ait descendu la rue avec son attelage de quatre chevaux pour honorer un pari. Au bas de la rue, ne manquez pas de vous promener, ou au moins d'y jeter un œil, dans les Grange Gardens, un très agréable jardin public.
Priory Crescent.
L'église Saint John the Baptist, autrefois un hôpital durant l'époque médiévale.
Un peu plus loin, sur Southover High Street se trouve la maison d'Anne de Clèves, une vieille maison à colombages datant du XVIe siècle qui fut offerte à l'épouse d'Henri VIII lorsque leur mariage fut annulé. Il n'est pas certain qu'Anne y ait jamais vécu, ni même y soit venue un jour. Même si des modifications furent effectuées jusqu'au XVIIe siècle, la maison permet de bien se rendre compte de comment on vivait à l'époque Tudor puis à l'époque élisabéthaine. Outre la chambre, la cuisine et le parloir, meublés avec du mobilier d'époque, la maison abrite deux pièces revenant sur l'histoire de Lewes et l'industrie locale. Les explications dans le musée sont assez parcellaires mais le cadre vaut la visite. (À noter qu'il existe un billet combiné pour la visite du château et de la maison.)
L'été, il est possible de profiter du jardin, lui aussi de style Tudor, grâce au café se trouvant dans le musée.
La fin de la balade approche : il est temps de revenir vers la gare... ou le centre de Lewes, pour prolonger la découverte, si le cœur vous en dit ! Le dernier arrêt vous fera découvrir les restes du prieuré qui s'élevait là au XIe siècle. Fondé par Guillaume de Warenne (où il fut enterré) et consacré à Saint Pancras, il fut détruit au XVIe siècle lorsque Henri VIII décida de la dissolution des monastères. Il ne reste à présent que quelques pans de murs pour rappeler l'immense complexe qui s'élevait autrefois. Des panneaux explicatifs permettent de replacer certains des bâtiments (les dortoirs, le réfectoire, l'infirmerie, etc.) et d'en apprendre plus sur l'histoire du prieuré et la vie des moines y habitant. Des éléments provenant du prieuré sont d'ailleurs exposés dans plusieurs lieux de la ville, et notamment dans la maison d'Anne de Clèves.
Ici s'achève cette balade à la découverte de Lewes et par là même le compte rendu de mon séjour à Brighton. Si vous souhaitez explorer plus en détail la ville, ne manquez pas de pousser les portes de l'office de tourisme, au croisement de High Street et Station Street : ils possèdent de nombreuses brochures (dont certaines en français) qui proposent des circuits sur les traces des principaux sites historiques de la ville.
J'essaie, doucement mais sûrement, de décider une amie (future prof d'anglais) de m'accompagner bientôt pour aller passer un petit week-end à Brighton. Je note la ville de Lewes, qui a l'air bien chouette !
RépondreSupprimerC'est vrai que Lewes possède une atmosphère complètement différente de Brighton, j'ai beaucoup apprécié faire les deux, pas de risque de se lasser !
SupprimerLewes, c'est LE lieu anglais où se rendre pour la Guy Fawkes Night - les festivités y sont grandioses ! J'y suis allée en 2014, et du coup je découvre la ville via tes photos. Merci pour la balade ! :D xx
RépondreSupprimerOh je suis complètement passée à côté de cette info... C'est bon à savoir ! J'espère qu'un jour je serai en Grande-Bretagne à cette période, c'est un événement que j'aimerais beaucoup voir de mes propres yeux !
SupprimerJe plussoie Ophélie, j'ai des souvenirs intenses de cette Guy Fawkes Night (hum ça date pourtant de 1994, j'étudiais alors à la Sussex university aïe, ça nous rajeunit pas!).
RépondreSupprimerVoilà qui va me faire regretter d'y être allée en mars !
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