Le Bristol Harbour est un des quartiers les plus emblématiques. Il faut dire que l'histoire de la ville est intimement liée à la mer : dès sa fondation au XIe siècle, le port joue un rôle important dans son expansion. Construction navale, exploration, commerce ont été les acteurs de sa prospérité comme de son déclin. La taille des navires et l'amplitude des marées ont conduit à l'édification d'un nouveau port, à une dizaine de kilomètres. Celui-ci n'est désormais plus qu'une zone tranquille dédiée aux loisirs et à la culture. En effet, on y trouve un très grand nombre de musées (le M Shed dédié à la vie et au travail à Bristol, la galerie d'art contemporain Arnolfini, l'Aquarium...), de centres culturels et lieux d'exposition (le Watershed) ainsi que plusieurs navires qui se visitent, que ce soient des répliques, comme le Matthew sur lequel embarqua Cabott pour son voyage jusqu'en Amérique, ou d'autres ayant vraiment navigué.
C'est le cas du SS Great Britain. Cet immense paquebot à vapeur, construit par l'ingénieur Isambard Kingdom Brunel, était alors le plus grand navire en navigation lors de son lancement en 1843. Durant ses années de service, il fit plusieurs fois la liaison jusqu'à New York puis jusqu'en Australie, réalisant 32 tours du monde et naviguant plus d'un million de milles nautiques, avant d'être finalement reconverti en dépôt de charbon dans les îles Malouines. Mis au rebut, en mauvais état, une opération de sauvetage est organisée dans les années 1970 pour le faire revenir dans sa ville natale. Depuis, le fier vaisseau de ligne a retrouvé toute sa splendeur d'antan.
La visite se déroule en trois parties. La première nous emmène sous le niveau de l'eau, dans le dry dock, un système de cale sèche permettant d'admirer et de préserver l'une des caractéristiques majeures du navire : sa cale en fer. Il fut en effet le premier navire de haute mer à être doté d'une telle cale ainsi que d'un système de propulsion à hélice. Cette dernière n'est pas parvenue jusqu'à nous mais la cale est bien d'origine. D'où l'enjeu de cette installation en atmosphère très pauvre en humidité pour conserver cette prouesse du passé. De retour à la surface, la visite se poursuit avec le musée qui retrace toute l'histoire du SS Great Britain, de son sauvetage à sa construction. Un musée très dense, avec de nombreux documents et témoignages en tout genre, qui mériterait à lui seul une visite dédiée. Chose d'ailleurs possible sans débourser un seul pound supplémentaire si vous en avez l'occasion, car le billet d'entrée vous permet de revenir autant de fois que vous voulez durant une année.
Enfin, on passe aux choses sérieuses avec la visite du bateau en lui-même. Sur le pont supérieur, il est possible de s'équiper d'un audioguide (sans supplément) qui permettra, durant le parcours, d'écouter les témoignages de véritables passagers. Quatre pistes sont proposées (tout est vraiment fait pour pousser à revenir !) : voyageur de première classe, émigrant vers l'Australie, archéologue ou alors une réservée aux enfants, à la poursuite du chat du navire. D'ailleurs ces derniers, comme dans beaucoup de musées anglais, ne sont pas oubliés durant le parcours, où beaucoup de choses sont pensées pour les intéresser : des tampons à collectionner, des jeux, des vidéos interactives, etc.
Ici encore, la visite est très dense et la reconstitution admirable. On passe des quartiers exigus des 3e classes aux cabines individuelles de 1re classe, de la bruyante salle des machines à l'agitation des cuisines, en passant par l'infirmerie, le tout avec une multitude d'anecdotes et d'informations sur la vie à bord, les caractéristiques du navire, le déroulement d'un voyage, le détail du personnel, etc. En bonus, des mannequins plus vrais que nature jouent les passagers. Le SS Great Britain est un vrai labyrinthe : trois ponts, 98 mètres de long qui sont accessibles jusque dans les moindres recoins. Au total, nous y sommes restées deux bonnes heures je dirai, ce qui me semble la durée idéale pour un endroit aussi dense : à la fin, l'attention commence à s'égarer ! Dans tous les cas, c'est une bien belle découverte que ce navire. Malgré le billet d'entrée assez cher (£14), on l'oublie assez rapidement tellement on en prend plein les yeux ! À recommander aux férus de reconstitution historique, aux amoureux des vieux navires ou tout simplement aux curieux à la recherche d'une visite qui sort de l'ordinaire.
Après la visite, plutôt que de refaire le trajet vers le centre par voie de terre, je voulais emprunter l'un des ferrys en service, histoire d'avoir un aperçu global du port à défaut de l'arpenter à pied. Nous avons emprunté la compagnie Bristol Ferry Boats, reconnaissables à leurs embarcations bleu et jaune. Il existe deux trajets, un qui va vers l'ouest et le SS Great Britain notamment, et l'autre vers l'est et la gare de Temple Meads. Suivant l'horaire et le sens du passage, il est possible de faire le grand tour (ce que nous avons fait) ou alors de retourner directement dans le centre. Le coût n'est pas très élevé (je crois que l'on a payé 3 ou 4 pounds) : une manière pratique, rapide et peu chère de découvrir le port sans effort ! Il y a plusieurs services durant la journée, n'hésitez pas à vous renseigner directement aux employés car les horaires sur le site Internet sont un peu obscurs...
Les jolies maisons colorées surplombant le port font partie des images célèbres de Bristol.
Le fameux Matthew, sur lequel on peut embarquer pour une croisière ou que l'on peut simplement visiter.
La Cabot Tower !
C'est également un bon moyen pour voir le SS Great Britain d'un peu plus loin et se rendre compte de sa taille impressionnante.
De retour dans le centre !
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