Aujourd'hui je suis dans mon canapé, le dos coincé entre deux coussins, une grimace de douleur sur le visage dès que je fais un mouvement. Mon corps a décidé que je ne partirai pas en vacances, pas tout de suite. Alors je ronge mon frein, j'enrage, je peste, j'essaye de comprendre. Comprendre pourquoi cela me pèse autant d'avoir dû tout annuler. Comprendre pourquoi j'ai le sentiment d'avoir échoué à quelque chose. Comprendre que parfois, on n'a simplement pas le choix et que cela ne fait pas de nous des ratés pour autant.
Même si ça ne m'était jamais arrivé dans de telles proportions, ce n'est pas la première fois que je me retrouve, ou aurais pu me retrouver, dans une situation loin d'être idéale pour voyager. À Amsterdam, j'ai passé l'une de mes journées avec des nausées abominables, à visiter tous les toilettes des différents musées où j'allais : je tenais à peine sur mes jambes, j'avais des vertiges, mais j'ai tenu mon programme coûte que coûte ; à Madrid, au terme de notre semaine andalouse, je me revois encore accroupie sur le trottoir, le dos bloqué (oui, c'est un problème récurrent...), en larmes, à ne plus pouvoir bouger... sauf que le lendemain, j'ai serré les dents et c'est en boitillant que j'ai terminé nos vacances ; à Vienne, enfin, où j'ai choppé une vilaine grippe à mi-séjour... grippe qui s'est quand même soldée par une semaine d'arrêt de travail à mon retour mais qui ne m'a pas empêché sur place de faire comme si de rien était ; et je ne compte pas toutes les fois où je suis partie avec un mal de dos tenace, ce que j'aurais fait pour la vallée d'Aoste si cela n'avait pas empiré subitement, ou simplement épuisée et où j'aurais mieux fait de rester chez moi à me reposer. Parfois, je me demande si je ne cherche pas à prouver quelque chose, en me mettant dans des situations pareilles. Mais quoi ? Et à qui ?
Je ne suis pas la seule à ne pas partir dans des conditions toujours favorables, ou à rencontrer sur place des soucis de santé plus ou moins graves. Et je ne suis surtout pas la seule à ne pas en parler ensuite : après tout, on veut toujours se rappeler des bons côtés, pas vrai ? Sauf que...
Sauf que j'ai l'impression que c'est une règle tacite. Je ne suis pas depuis assez longtemps sur la blogosphère pour vraiment me rendre compte si cela a évolué mais j'ai quand même remarqué qu'elles sont rares, les anecdotes où l'on avoue que non, tout ne s'est pas passé comme prévu, non, tout n'était pas aussi idyllique qu'on veut bien le faire croire sur son blog/Instagram... et ce, sans utiliser le 2e degré qui permet de tout prendre à la légère.
Je comprends ce besoin de ne garder que le meilleur, d'idéaliser pour mieux faire rêver. C'est humain. Je suis la première à le faire. Mais la richesse d'un voyage, cela passe aussi par toutes les petites contrariétés que l'on a réussi à surmonter, ou non. Aux ratés qui nous feront rire quand on y repensera ; à ce qui a échoué et que l'on se promettra de réussir la prochaine fois ; aux obstacles qui nous ont rendus plus forts. Et parfois, je regrette que cet envers du décor, tous ces petits détails qui montrent que chaque voyage est à l'image de la vie, avec ses hauts et ses bas, ne soient pas plus évoqués.
Avec toutes ces belles images, ces récits enchanteurs, où tout semble tellement parfait, j'en arrive à oublier que ce n'est que de la poudre aux yeux ; que ce n'est qu'une image de la réalité, pas la réalité en elle-même. J'en arrive à culpabiliser de n'avoir pas pu partir, non pas "pour mon blog" (c'est que m'a dit ma sœur : "tu t'en fiches de ton blog, repose-toi" ; je crois que c'est assez révélateur), mais juste pour moi, comme si j'avais raté ou pas fait assez bien quelque chose. J'en arrive à me dire que j'aurais pu mieux faire, mieux organiser. Si d'autres y arrivent, pourquoi pas moi ?
Stop.
Le voyage parfait n'existe pas. Et surtout, le voyage parfait de votre voisin ne sera pas le vôtre. Cela ne sert à rien d'envier, de jalouser, de copier. Cela ne rendra pas votre voyage plus réussi pour autant. S'écouter, se faire plaisir, penser à soi, c'est le plus important. Internet peut se révéler être une formidable communauté mais cette course à la perfection a tendance à me désoler. Je ne m'en étais pas encore rendu pleinement compte ; ce repos forcé et toutes les émotions contradictoires qu'il a engendrées m'auront au moins permis de mettre le droit sur quelque chose qui me dérangeait depuis plusieurs mois sans que j'arrive à le cerner complètement.
Rassurez-moi... je ne suis pas la seule à me mettre la pression toute seule ?
En attendant, je ne me suis pas laissée abattre et j'ai reprogrammé mon week-end pour la fin du mois d'août. Je croise les doigts pour que cette fois tout se passe bien !
Et bien bon courage ! ... Le prochain voyage sera bien mieux que celui qui était prévu ;)
RépondreSupprimerSi tu veux une anecdote me concernant, je t'encourage a aller lire mon article sur mon passage à la douane en mars dernier. Cela ne s'est pas vraiment passé comme je l'aurai voulu/prévu. Le pire... j'ai remis ça le 24 juillet dernier. 3h enfermé comme un animal dans un enclos (comme j'aime l'appeler) bref, je ne me plains pas de ma situation mais il y a toujours du moins bon.. dans tout :)
Keep Smiling :)
Effectivement, quel moment hyper angoissant cela a dû être ! Et en plus si ça ne s'est pas bien passé non plus la seconde fois... Mais au moins avec ce retour d'expérience, on sait que cela n'arrive pas qu'à nous :)
RépondreSupprimerBon séjour aux États-Unis !
Je te souhaite que tout se passe à la perfection fin aout, pour que tu puisses nous raconter ici ton voyage parfait sans aucun bémol. ;)
RépondreSupprimerParfait, je n'en demande pas tant, mais j'espère que cette fois il y aura bien quelque chose à raconter !
SupprimerJe confirme ! Je voyage parfait n'existe pas, ce sont souvent les petites choses qui nous gâchent l'aventure, mais ces petits tracas ne font ils pas partie des vacances au final ? Lors de notre GR une journée je me suis retrouvée la jambe engloutie dans un marécage, j'ai marché tout le long avec les pieds humides, le jours suivants la chaleur caniculaire à été un enfer !
RépondreSupprimerJe te rejoins sur ton avis avec les blogs, et c'est vrai que par moment la "vrai" vérité ne ferait pas de mal, mais les gens veulent peut être ne retenir que les meilleurs moments, les mauvais sont ceux qu'on se rappel toujours et on en est peut fière ;)
Si, bien sûr, et c'est bien normal :) Mais toutes ces petites anecdotes accentuent aussi l'empathie et quelqu'un qui n'hésite pas à raconter ses petites tracasseries m'interpellera toujours plus, j'aurais moins l'impression d'être seule face à certaines situations !
SupprimerJe comprends bien ce post... non pas que nos voyages sont toujours catastrophiques, mais ca fait 2 fois que nous courrons les médecins sur place pour les enfants. Jamais rien de méchants mais de l’embêtant.
RépondreSupprimerNous partons samedi pour nos vacances d'été et la petite dernière m'a réveillée 2 fois cette nuit... Je sens qu'elle couve un truc... Aie aie aie... a 2 jours du départ...
Heureusement nous restons en france. Plus facile à gérer...
Par contre je confirme que je n'en parlerai sans doute pas quand j'écrirai mes posts vacances à la rentrée. D'abord parce que je ne suis pas sure que ca interesse les gens que ma fille a chopé une angine sur place :) et puis aussi un peu pour en effet garder le positif de cette période qui est censé "Remplir" nos batteries...
Bon rétablissement...
C'est vrai qu'il y a parfois des pépins perso qu'on a pas forcément envie de partager... et c'est bien normal !
SupprimerJ'espère que tes vacances se passeront bien malgré tout :)
La pression ne vient pas de toi mais des autres, ces autres qui ne montrent que la face A. Et cette société, que nous contribuons toutes et tous à faire exister, qui veut de nous toujours plus, toujours mieux. Bon rétablissement!
RépondreSupprimerEt en prendre conscience, c'est déjà un pas vers plus de sérénité. Après, ne reste plus qu'à l'appliquer !
SupprimerHello,
RépondreSupprimerJe te rejoins, sur les blogs on a toujours tendance à lire que tout est idyllique, le "moins bon" est passé sous silence. De mon côté j'avais écrit 2 articles montrant qu'il est possible de ne pas aimer un voyage :
http://laterresurson31.fr/a-t-on-le-droit-de-ne-pas-aimer-un-voyage/
http://laterresurson31.fr/pourquoi-japon-pas-fait-vibrer/
C'est vrai que c'est assez rare de voir un tel point de vue affiché ouvertement. Merci pour le partage, ton blog est une belle découverte !
SupprimerEt non, tu n'es pas la seule du tout ! Cela fait du bien, de lire un article comme celui-ci : j'en ai besoin, parfois. J'ai toujours tendance à me comparer, à me dire "zut, j'aurais du aller voir ça", ou "zut, je n'ai pas fait comme il faut" ou "vite, il faut que j'aille là-bas" etc. Et je fais partie de ces optimistes qui ne voient que les bons côtés après coups, alors que sur le moment je suis incapable de relativiser. Je pense notamment à mon voyage au Svalbard, qui fut fantastique sur bien des points, mais un véritable calvaire par moment. Du coup, au début de mon récit, je suis très enthousiaste, mais au fur et à mesure que je raconte mes histoires, je me rends compte que le voyage était loin d'être tout rose.
RépondreSupprimerEt puis j'ai cette fâcheuse manie de rêver à la place des autres. Si quelqu'un réalise son rêve de tour du monde, je me dis que moi aussi je devrais réaliser ce rêve alors qu'en fait, ça ne me fait même pas envie. Comme tu le dis si bien "le voyage parfait de votre voisin ne sera pas le vôtre", il faut bien avoir ça en tête.
Comme je lis cet article à retardement, je pense que tu tu vas mieux, alors je ne te souhaite pas de bon rétablissement ;)
Je vois qu'on a quelques points communs niveau caractère :)
SupprimerJ'ai aussi tendance à vouloir en fait beaucoup (trop) quand je voyage mais je ne suis en compétition qu'avec moi-même, ma devise c'est un peu "vois-en le plus possible car peut-être tu ne reviendras jamais". Mais c'est illusoire de croire que l'on ne peut se détacher complètement des injonctions des autres, notamment via les réseaux sociaux, et c'est souvent que je me demande si ce que je compte faire c'est parce que je veux le faire ou parce que j'ai lu ici ou là que c'était absolument à ne pas rater. Enfin, ce sont des petits problèmes : j'ai déjà la chance de pouvoir voyager à peu près comme je veux, pas question de se plaindre.
Non, tu n'es pas la seule, loin de là. Comme toi, j'ai eu un moment de "ras-le-bol". J'ai même eu besoin de me déconnecter des réseaux sociaux, pour ré-apprendre à vivre pour moi et non pour montrer aux autres "comme ma vie est belle" (c'est ici : www.instagram.com/p/BAzW3Y_je2N/ ). Je suis d'ailleurs plutôt du genre à parler du bien et du pas bien sur mon blog, comme ici par exemple : http://julie-la-blogtrotteuse.blogspot.com/2016/01/comment-jai-demenage-3-fois-en-une.html
RépondreSupprimerEt j'ai remarqué que, maintenant que je connais beaucoup de blogs et que je n'ai plus le temps de tous les lire, je ne garde que ceux qui sont honnêtes. Corinne de "vie-nomade.com" par exemple, est une grande blogueuse qui parle de tout, même des coups de blues. Et ça, c'est ce qui me plait.
Courage en tout cas, j'espère que ton dos va mieux. Ne perds pas cette façon de penser, c'est la bonne !