Gros morceau cette semaine avec deux posts qui concernent le pourquoi de ma visite à Vienne. Difficile de cacher sur ce blog ma passion immodérée pour l'art nouveau et Gustav Klimt en particulier (pourtant non, j'ai résisté aux innombrables attrape-touristes qui déclinent ses tableaux sur tous les bibelots possibles et inimaginables). C'est donc sans surprise que j'ai cherché où le sécessionnisme s'exprimait dans la capitale autrichienne, en une sorte de pèlerinage artistique. J'ai aussi traqué Klimt et ses œuvres partout dans la ville (jusqu'à sa tombe, oui oui !) mais difficile de tout voir sans dépenser des fortunes, vu le prix des musées, même avec la Vienna Card. Je n'ai pas pu tout voir mais pour une première visite, j'en ai pris plein les yeux.
Ankeruhr
Situé entre la cathédrale Saint-Étienne et le canal du Danube, ce carillon suspendu à une dizaine de mètres de hauteur fut réalisé par Franz Matsch, un ancien associé des frères Klimt. Chaque heure, c'est une personnalité viennoise célèbre qui défile lentement.
Ankeruhr
Hoher Markt 10-12
1010 Wien
Musée des arts appliqués
Le musée des Arts appliqués, ou MAK, est situé juste à l'extérieur du Ring, en face du café Prückel. Au milieu des tapisseries, vases chinois et mobilier Biedermeier, une aile entière à l'étage, baptisée "Wien 1900" est consacrée à l'Art nouveau... Plusieurs salles retracent l'historique du mouvement, du point de vu des arts appliqués. On y trouve de nombreux éléments de mobilier (parmi lesquels ceux d'un certain... Charles Rennie Mackintosh), objets de tous les jours (couverts, vaisselles, vases), bijoux et quelques tissus. Mais ce qui est le plus remarquable est sans nul doute ceci :
Complètement inaccessible dans le palais Stoclet, l'Arbre de Vie, tout du moins son dessin préparatoire, s'expose au MAK, tout comme celui du Baiser. Rien que pour cela la visite de ce musée est incontournable !
Chaque année, de nombreuses expositions consacrées au Sécessionnisme, à la Wiener Werkstätte (cofondée par Koloman Moser et Joseph Hoffmann) ou à Klimt sont organisées. En 2018, ne manquez pas celles du cycle Modernisme viennois et notamment la possibilité d'arpenter, en réalité virtuelle, les décors de la frise Stoclet. Tout bonnement magique.
Stubenring 5
1010 Wien
Café Rüdigerhof
Situé non loin du Naschmarkt, ce café est l'une des belles découvertes de mon séjour : avant de passer devant, je ne savais même pas qu'il existait ! Même si je suis du genre à programmer mes journées minute par minute, c'est un rappel indéniable qu'on n'est jamais à l'abri d'une surprise. Le bâtiment fut construit en 1902 par Oskar Marmorek, à qui l'on doit également le Nestroyhof dans le quartier de Leopoldstadt, également d'inspiration art nouveau. L'intérieur du café date des années 1950 et 1960.
Café Rüdigerhof
Hamburgerstraße 20
1050 Wien
Le palais de la Sécession
Ah, le palais de la Sécession ! Rien que le bâtiment en lui-même vaut le déplacement : situé à l'origine dans les faubourgs de la ville, sur un territoire marécageux, il fut construit en six mois durant 1898, sur les plans de l'architecte Joseph Maria Olbrich, fut détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et reconstruit quasiment à l'identique ensuite. L'un des ajouts est une pièce en sous-sol où se trouve désormais exposée la célèbre Frise Beethoven de Gustav Klimt, inspirée de la 9e symphonie du compositeur, et à l'origine créée pour l'exposition de 1902.
Sur la façade on peut notamment lire "Ver Sacrum, (Printemps sacré). C'est le nom de la revue éditée par la Sécession dès 1898.
"Der Zeit ihre Kunst. Der Kunst ihre Freiheit", la devise de la Sécession, sur la façade :
"à chaque époque son art ; à chaque art sa liberté".
Un petit bout de la frise Beethoven.
Outre la frise Beethoven, la Sécession continue son travail entamé à sa création et organise plusieurs fois par an des expositions d'art contemporain. Le contraste peut être rude pour les fans d'art nouveau. Néanmoins... Je suis friande des visites guidées, surtout quand cela concerne un musée ou un sujet qui m'intéresse tout particulièrement. Les muséographies sont rarement bavardes et j'ai vite l'impression de passer à côté des œuvres (zéro culture artistique bonjour !). Cela peut être une solution pour mieux comprendre les œuvres exposées, surtout quand l'on sait que l'art contemporain est plus souvent une question de démarche. En outre, si vous avez de la chance, elle permet de découvrir l'envers du décor : nous avions en effet eu l'opportunité de découvrir la verrière du toit, qui permet un éclairage naturel optimal de la salle principale. Ingénieux !
1010 Wien
La maison aux Majoliques et la maison aux Médaillons
Sur la Linke Wienzeile, aux numéros 38 et 40, peuvent s'admirer deux bâtiments réalisés par Otto Wagner : la maison aux Majoliques, à gauche, avec sa façade recouverte de dalles colorées aux motifs floraux, et la maison aux Médaillons, à droite, et ses drôles de statues de femmes criant sur son toit. (Si vous souhaitez découvrir l'intérieur de ces deux immeubles ou d'autres bâtiments réalisés par Otto Wagner, je vous invite à consulter cet article.)
Autre exemple d'architecture art nouveau au Köstlergasse 3.
Leopold Museum
Am Attersee, Gustav Klimt, 1900.
Ouvert en 2012, proposant les collections privées de Rudolph Leopold, le Leopold Museum consacre également un de ses étages à la Sécession viennoise et à Gustav Klimt. On peut y admirer la diversité de ses œuvres (il serait très réducteur de penser à Klimt qu'à travers sa "période dorée") ainsi qu'une partie de sa très dense correspondance avec son amie Emilie Flöge.
Mort et vie, Gustav Klimt, 1910/1911.
Reconstitution de l'un des ateliers de Klimt avec le mobilier original.
Mobilier art nouveau.
Fleurs stylisées sur fond décoratif, Egon Schiele, 1908.
La Médecine, reproduction de l'un des trois tableaux que l'université de Vienne avait commandés à l'artiste et qui firent scandale. Elles ne furent jamais exposées. Pire, elles furent toutes trois détruites par les nazis en 1945.
Commode par Koloman Moser.
Museumsplatz 1
1070 Wien
Il existe un billet combiné pour le Leopold Museum et le MAK.
Pavillons Otto Wagner
Situés sur Karlsplatz, ces deux pavillons font office d'entrée au métro. L'un des deux a été reconverti en musée dédié à son architecte, Otto Wagner (ouvert uniquement d'avril à octobre).
Karlsplatz, 1040 Vienna
Wien Museum
Emilie Flöge, Gustav Klimt, 1902.
Le Wien Museum qui, comme son nom l'indique, s'intéresse à l'histoire de la capitale autrichienne, consacre également une partie de ses collections à la Sécession viennoise, Gustav Klimt en tête. En tout, c'est peut-être moins d'une dizaine d’œuvres qui sont ainsi exposées. C'est peu pour justifier à lui seul l'achat du billet mais il serait dommage de passer à côté du reste des collections, comme les vitraux de la cathédrale Saint-Étienne.
Pallas Athena, Gustav Klimt, 1898.
Cette chaise, conçue par Otto Wagner, fut offerte à Karl Lueger, l'un des maires de Vienne, pour son soixantième anniversaire.
Maquette d'un projet de reconstruction du musée des Beaux Arts soumis par Otto Wagner. Il n'aboutit jamais.
Amour, Gustav Klimt, 1895. L'un de mes tableaux préférés mais très sombre : la photo ne fait malheureusement pas honneur à ses détails subtils.
Karlsplatz 8
1040 Wien
L'ambassade de France
Point de chauvinisme ici. C'est un pur hasard si l'ambassade de France se trouve dans un beau bâtiment type art nouveau, réalisé par Georges Chedanne. Ce nom vous dit peut-être quelque chose : c'est à lui qu'on doit notamment les Galeries Lafayette du boulevard Haussmann à Paris. Située entre Karlsplatz et le Belvédère, il ne vous faudra pas faire un grand détour pour admirer sa façade.
Ambassade de France
Technikerstraße 2
1040 Wien
Le Belvédère
On termine cette balade viennoise dédiée à l'art nouveau avec les collections du Belvédère. C'est ici, dans ce palais construit durant la première moitié du XVIIIe siècle par le prince Eugène de Savoie dans la plus pure tradition baroque, que l'on peut admirer le célèbre Baiser de Gustav Klimt, parmi les autres toiles de l'artiste (on y trouve en effet la collection la plus importante d’œuvres de Klimt au monde).
Depuis le 1er mars 2018, le Belvédère a complètement réaménagé ses collections et offre une toute nouvelle muséographie. Je n'y étais pas retournée depuis ma première visite en 2015 et les choses ont effectivement bien changé : plusieurs salles sont désormais consacrées au Sécessionnisme et à Vienne aux alentours de 1900, dans un parcours beaucoup plus clair et mieux mis en valeur. Chaque salle possède une thématique présentée par un panneau explicatif, qui donne également quelques indications sur la salle où l'on se trouve et son ancienne fonction, sous le prince Eugène. Les tableaux de Klimt sont désormais répartis dans plusieurs salles, celle accueillant le Baiser est beaucoup plus grande que la précédente et le tableau est accompagné, à côté, par une réplique à destination des mal-voyants ou non-voyants : une initiative à saluer. Enfin, les œuvres majeures sont accompagnées d'un petit cartouche, ce qui fait que l'audioguide peut devenir dispensable.
Petit bonus depuis ma première visite, deux nouveaux tableaux de Klimt sont désormais exposés : à gauche, on a un nouveau tableau du cycle des paysages de l'Attersee avec Maison forestière à Weissenbach sur l'Attersee (Forsthaus in Weißenbach I (Landhaus am Attersee)) en prêt permanent au musée et de nouveau visible après des années ; à droite un portrait complètement inédit, découvert il y a peu, et exposé pour la première fois au public : Marie Kerner von Marilaun en tant que mariée en l'année 1862 (Marie Kerner von Marilaun als Braut im Jahr 1862), exposé de manière temporaire jusqu'à cet été et accompagné de cinq lettres de Klimt complètement inédite. Bref : si vous êtes fan de l'artiste, ça vaut le coup de venir !
Évidemment il n'y en a pas que pour Klimt : ici ce qui est certainement mon tableau préféré d'Egon Schiele, intitulé sobrement Quatre arbres. Le jeu de lumière sur le ciel est complètement dingue, on dirait qu'il a utilisé une peinture métallique.
Je ne vous en dévoile pas trop pour garder la surprise et l'émotion de découvrir toutes ces œuvres de vos propres yeux. Sachez qu'en raison de la nouvelle disposition des collections, le Belvédère est en accès gratuit de 18 h à 21 h les 16 mars, 6 et 27 avril 2018 : un bon plan à se garder sous le coude, surtout vu le ticket d'entrée à 15 € !
Le Belvédère supérieur, construit uniquement pour recevoir les réceptions du prince Eugène.
Vue sur les jardins.
Le Belvédère inférieur, où résidait le prince.
Prinz Eugen-Straße 27
1030 Wien
Si cela peut paraître déjà conséquent, ce n'est pourtant qu'une fraction des bâtiments art nouveau que l'on peut croiser à Vienne ou des musées qui exposent des œuvres se rattachant au Sécessionnisme ou signées Gustav Klimt. J'ai dû, par manque de temps et de fonds, faire l'impasse sur les collections de l'Albertina ou les peintures du Burgtheater par exemple.
Néanmoins, il reste un dernier lieu à visiter, et non des moindres. Rendez-vous jeudi !
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La Sécession n'a de cesse de nous émerveiller ! Merci pour tous ces méandres touristiques & culturels.
RépondreSupprimerCette ville est une merveille. Quelle élégance !
RépondreSupprimerLe patrimoine art nouveau y est particulièrement bien conservé et mis en valeur, c'est un régal pour les yeux !
SupprimerC'est très sympa cet article sur Vienne ça change un peu des angles que l'on voit souvent :) très jolies photos !
RépondreSupprimerMerci Céline ! Eh oui, Vienne est pleine de surprises, de choses inattendues, il y a tellement à découvrir dans cette ville, impossible de se lasser !
SupprimerMagnifique reportage photo ! Un des plus étincelants, un de ceux qui te ressemble le plus.
RépondreSupprimerArt nouveau + Klimt + Marie = <3 <3 <3
SupprimerMerci beaucoup ! Das ist wunderbar !😗
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