Un après-midi dans l'Ain : Bourg-en-Bresse

Quand je programme des week-ends hors de chez moi, il faut toujours que je parte loin, à l'étranger de préférence. Comme si en France il n'y avait pas des jolies choses à voir ! Alors, quand au début du mois de mars il a fait si beau, j'ai décidé qu'il était temps d'arrêter de travailler 12 h par jour et que je pouvais bien m'octroyer un après-midi de temps libre histoire de m'aérer l'esprit... Je n'aime pas vraiment le coin où je vis mais il y a quand même des jolies choses à voir dans les environs. Et comme cela faisait un moment que je voulais visiter le monastère de Bourg-en-Bresse, le moment ne pouvait pas être plus idéal.

Un peu d'histoire : le monastère royal de Brou a été construit à la fin du XVIe siècle sur l'ordre de Marguerite d'Autriche, fille de l'empereur Maximilien Ier de Habsbourg, afin d'y enterrer son époux, Philibert le Beau, qui la laissa veuve, pour la deuxième fois, après seulement trois ans de mariage. Mais elle ne verra jamais l'édifice construit : elle quitte en effet la France pour les Pays-Bas l'année du début des travaux et mourra en 1530, peu avant son achèvement.

Le premier cloître.

L'église, chef-d'œuvre de l'art gothique flamboyant flamand, fut édifiée par l'architecte belge Louis van Bodeghem, choisi par Marguerite d'Autriche elle-même. D'un côté, on a une nef sobre et lumineuse. En son centre, une installation de Shigeko Hirakawa, L'Ange de feu. Et oui : le monastère abrite plusieurs œuvres contemporaines, et même un musée (j'y reviendrai un peu plus bas).

De l'autre, tout n'est que splendeur et exubérance. Ci-dessus, le jubé, qui donne déjà un aperçu de ce qui se cache encore derrière. Ci-dessous, le chœur, vu depuis le jubé. Les détails sont fabuleux : pierres et bois sculptés, dalles polychromes (dont il ne reste que quelques vestiges), vitraux d'une finesse et d'une couleur incroyables, ainsi que les trois tombeaux abritant Marguerite d'Autrice, Philibert le Beau et Marguerite de Bourbon, sa mère. Un vrai ravissement pour les yeux.

Non mais le détail des étoffes ! Je n'avais jamais vu de vitraux aussi travaillés.

Place au deuxième cloître, le plus grand. Le premier servait de transition entre le monde extérieur et le monde monastique. Celui-ci a la fonction plus traditionnelle de promenade et de méditation. C'est pour inviter de nouveau les visiteurs à déambuler tout autour qu'ont été installées deux sculptures de Richard Serra : sobrement intitulés Marguerite et Philibert, ces deux blocs d'acier forgés pèsent respectivement 6.5 et 8.5 tonnes. Étrange et inattendu de les voir aux extrémités opposées du passage naturel des visiteurs : d'ailleurs je ne les avais pas remarqués dans un premier temps !

Quant au centre, on y trouve une installation de Monica Mariniello, Lit végétal.

Le réfectoire, réutilisé en temps qu'espace d'exposition : on y découvre des sculptures religieuses, provenant soit du monastère en lui-même, soit d'autres lieux du département.

Pour terminer le rez-de-chaussée, le troisième cloître. Oui, trois cloîtres ! Cette particularité est unique en France. Celui-ci servait à la vie domestique et fut décidé au cours des travaux. Au total, le monastère s'étend sur 4 000 m² de communs... et cela pour douze moines uniquement ! C'est l'ordre des Augustins qui l'occupa jusqu'à la Révolution.

Place à l'étage maintenant. Situé dans l'ancien dortoir se trouve le musée municipal de Bourg-en-Bresse. On y trouve à la fois des peintures datant du XVIe au XIXe siècle, des arts décoratifs avec notamment du mobilier datant du XIXe et... de l'art contemporain. Effectivement, comme l'indique la plaquette du monastère, l'abstraction se marie parfaitement avec l'atmosphère contemplative du lieu.

Danaë de Béatrice Casadesus. Pour l'anecdote, ces ronds sont obtenus... avec du papier bulle ! Malin !

Metasigne VI de Jean Degottex.

Ténèbres d'Aki Kuroda.

Composition de Simon Hantaï.

Écriture en masse de Judit Reigt.

Détail des tuiles colorées de l'église.

Je ne suis pas croyante, les édifices religieux ne m'intéressent que pour leur architecture ou leur symbolique, mais j'ai trouvé que ce monastère avait une atmosphère particulière, accueillant et invitant à la sérénité. On s'y sent un peu comme chez soi ! La météo et la tranquillité des lieux, pas encore pris d'assaut par les touristes, y ont certainement été pour beaucoup. Je me serais bien vue installée sur l'une des chaises du deuxième cloître, un livre entre les mains, à attendre que le soleil se couche. Au lieu de cela, j'ai décidé de profiter de ma visite pour aller voir à quoi ressemblait Bourg-en-Bresse. Grossière erreur. Un dimanche après-midi en hors saison, il y a de quoi se flinguer. Dommage car le centre-ville est plutôt chouette avec ses vieilles maisons à colombage.