La cité monastique de Fontevraud a été fondée en 1101 par Robert d'Arbrissel, un prédicateur breton, autour de quatre monastères (dont un seul, le prieuré Saint-Jean-de-l’Habit, détruit lors de la Révolution, abritait des hommes). Le principal, le monastère Saint-Marie, est celui qui se visite. Il abritait à l'époque les contemplatives : des moniales, souvent de haute naissance, qui consacraient leur temps à la prière. Elles furent jusqu'à 400 à l'apogée de la cité. Le prieuré de Sainte-Marie-Madeleine abritait quant à lui les "filles repenties" dont les occupations tournaient autour des tâches domestiques. Enfin, le prieuré Saint-Lazare accueillait les lépreux.
Ce qui frappe en arrivant, c'est la grandeur du site : car qui dit quatre monastère dit quatre églises, quatre cloîtres, quatre dortoirs, quatre cuisines... D'autant plus que la cité n'est pas du tout perdue au milieu de la campagne : loin de vivre en autarcie, un bourg s'est formé au fil des siècles autour de la communauté.
Les bâtiments sont en tuffeau, roche calcaire typique de la région (les châteaux des Pays de la Loire sont fait dans ce matériau).
En 1189, l'Abbaye devient nécropole royale. Si les restes ont malheureusement disparu à la révolution, l'église accueille toujours quatre somptueux gisants : Aliénor d'Aquitaine (qui se retira à Fontevraud dans les dernières années de sa vie) et Henri II Plantagênet, son époux ; Richard Cœur de Lion, leur fils et Isablle d'Angoulême, épouse de Jean Sans Terre, leur fils cadet.
L'Abbaye fut dirigée pendant sept cents par des abbesses (rien d'étonnant quand on voit la proportion hommes/femmes) : la première s'appelait Pétronille de Chemillé. Quelques unes d'entre elles seront même de sang royal, comme Renée et Louise de Bourbon, dont on peut voir les armoiries sur le dallage de la salle capitulaire. Parmi les autres armoiries, on remarque la salamandre de François Ier, le blason des Bourbon (la fleur de lys) ainsi que le le vol couronné, autre symbole des Bourbon.
Malgré tout, c'est aux hommes que restait dévolu le pouvoir spirituel : eux seuls célébraient les offices.
L'histoire de l'Abbaye est surprenante mais pas unique : après la Révolution, laissé à l'abandon suite au départ des dernières moniales en 1792 et récupéré par l'État, le lieu devient une prison en 1804... et ce jusqu'en 1985 ! La centrale de Fontevraud fut même réputée comme l'une des plus dures de France. Difficile de s'imaginer plus de 1 000 détenus dans la cité, et encore moins l'abbatiale reconvertie en dortoirs (sur quatre étages !)... La restauration, commencée à la fin du XIXe siècle, ne laisse désormais plus aucun indice du passé pénitentiaire de l'Abbaye.
On se croirait en été...
Les cuisines du monastère, de style byzantin, avec ses cheminées en "écailles de poisson".
Détail de la façade.
Grâce à la visite guidée (incontournable pour vraiment découvrir le lieu dans sa globalité), on a pu apprendre une foule de détails sur la vie des moniales, l'histoire de l'Abbaye... mais également l'histoire avec un grand H, car les deux restent intimement liés. Passionnant !
Abbaye de Fontevraud
49590 Fontevraud
Ouverte du 25 janvier au 31 décembre.
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